
Le
Départ pour Médine
Après trois nuits, l'ardeur des Qouraïchites à retrouver les
deux fugitifs s'estompa.
'Abdallah Ibn 'Arqat, un polythéiste que le Prophète et Abou Bakr
avaient engagé comme guide et
à qui ils avaient confier leurs montures, se présenta alors à la grotte avec les
chameaux.
Asma leur apporta des provisions dans un sac en cuir, mais elle avait
oublié de se munir d'une corde pour l'attacher. Elle délia sa ceinture, la coupa
en deux parties : l'une pour attacher le sac et l'autre pour se ceindre. Elle
fut surnommée à cette occasion : Dhat Al-Nitaqayn (la femme aux deux ceintures).
Lorsque Abou Bakr approcha les deux
montures du Messager d'Allah , il lui
présenta la meilleure et dit : « Monte-là, que mes parents te servent de rançon
! ». Celui-ci répondit : « Je ne monte pas un chameau qui ne m'appartient pas ».
Abou Bakr
dit : « Il est à toi, que mes parents te servent de rançon ». Le
Prophète
répliqua : « Non, mais à quel
prix l'as-tu acheté ? »
Abou Bakr lui indiqua la somme et le Prophète lui acheta au prix qu'il l'avait payé. Ils
montèrent leur chameau ; Abou Bakr fit monter 'Amir Ibn Fouhayra son domestique
derrière lui afin qu'il les serve durant le voyage.
Ils étaient donc
quatre à entreprendre ce voyage : le Prophète (paix et bénédiction d'Allah sur
lui), Abou Bakr, 'Amir Ibn Fouhayra et 'Abdallah Ibn 'Arqat.
Sur la route vers Médine
Ibn
Ishaq a détaillé dans son ouvrage toutes les étapes parcourues par le Prophète et ceux qui l'accompagnaient, de la grotte
jusqu'à leur arrivée à Qouba. Nous nous contenterons de relater l'anecdote de
Souraqah Ibn Malik qui partit à leur poursuite, dans le but de capturer le
Messager d'Allah ( ou Abou Bakr, et ainsi de
toucher la prime offerte par les Qouraïchites.
Alors qu'il était assis
au sein du conseil de sa tribu qui tenait séance, un homme arriva et déclara : «
J'ai vu tout à l'heure des silhouettes sur le littoral. Je pense qu'il
s'agissait de Mohammad et de ses compagnons ». Souraqah sut tout de suite que
c'était eux mais voulait être le seul à les poursuivre, aussi dit-il à cet homme
: « Tu as vu untel et untel qui sont partis à la recherche d'une chose perdue ».
Il resta un moment puis rentra chez lui, où il demanda qu'on lui prépare ses
armes et sa monture qu'il enfourcha, se lançant à la poursuite des
fugitifs.
Il ne tarda pas à les rejoindre mais, alors qu'il se
rapprochait d'eux, son cheval trébucha et il tomba à terre. Souraqah remonta sur
son cheval, repris sa course et s'approcha jusqu'à ce qu'il put entendre le
Prophète réciter le Coran sans tourner la
tête, Abou Bakr, quant à lui, ne cessait de regarder par-dessus son épaule.
C'est alors que les jambes du cheval de Souraqah s'enfoncèrent dans le sable
jusqu'aux genoux et celui-ci fut de nouveau désarçonné.
Il se releva aussitôt
pour inciter son cheval à se redresser. A peine le cheval était-il remis sur ses
pattes qu'un nuage de poussière apparut, tel un tourbillon de fumée.
Aussitôt, Souraqah se rendit compte qu'il ne pouvait nuire au Prophète . Il les interpella, lui et ses compagnons,
en leur assurant qu'il ne leur voulait pas de mal. Ils échangèrent quelques
propos et lorsque Souraqah repartit vers la Mecque, il se fit un devoir de
détourner l'attention des gens qui cherchaient toujours, leur disant : «
Retourne ! J'ai déjà cherché par ici, il n'y a rien »
Le
passage à Qouba
Après plusieurs jours de voyage, le Prophète et ceux qui l'accompagnaient arrivèrent à Qouba, une ville
située à quelques miles de Médine.
'Orwa Ibn Az-Zoubair raconte que les
musulmans de Médine avaient appris que le Messager d'Allah avait quitté la Mecque. Aussi, tous les matins ils se rendaient
sur la route où ils se mettaient à l'attendre jusqu'au moment où la chaleur de
midi les renvoyait dans leurs demeures.
Un jour, ils s'en retournèrent après
avoir longuement attendu. Cependant, dès qu'ils eurent regagné leurs maisons, un
juif aperçut le Messager d'Allah et ses
compagnons. Alors celui-ci cria de sa voix la plus forte : « Ô Banou Qayla !
Voici votre grand père qui arrive ». Ainsi, les musulmans sortirent pour
recevoir le Messager d'Allah . La plupart
des gens n'avaient jamais vu le Prophète .
Ils ne purent le distinguer d'Abou Bakr qu'au moment où celui-ci usa de son
habit pour protéger le Messager d'Allah (paix et bénédiction d'Allah sur lui)
contre le soleil.
A Qouba, le Messager d'Allah descendit chez Koulthoum Ibn Al-Hidm (d'autres disent au
contraire qu'il descendit chez Sa'd Ibn Khaythama, et Allah est plus Savant).
Abou Bakr , lui, résida chez Khoubayb Ibn Isaf. Quant à 'Ali Ibn Abi Talib
, il
resta pendant trois jours à la Mecque, pour rendre aux gens ce qu'ils avaient
confié au Prophète (paix et bénédiction d'Allah sur lui). Ensuite, il rejoignit
les deux compagnons à Qouba et descendit également chez Koulthoum Ibn Al-Hidm.
 Le Prophète passa quatre jours à
Qouba : lundi, mardi, mercredi et jeudi. Il fonda la mosquée de Qouba, première
mosquée construite sur la crainte d'Allah après l'avènement de la prophétie.
Ensuite, le jeudi ou le vendredi selon différentes versions, il se mit en selle
pour ce diriger vers Médine.
L’entrée
à Médine
Le
Prophète allait vers Médine lorsque, à
l’heure de la prière du vendredi, il passait par les maisons de Bani Salim Ibn
‘Awf. Alors, restant avec ceux-ci, il dirigea la prière au sein de la mosquée
située au fond de la vallée nommée Ranouna. Ce fut la première prière du
vendredi.
Ensuite, le Prophète
entra à Médine. Depuis ce jour, la ville de Yathrib fut connue sous le nom de
Madinatour-rasoul (la ville du Prophète), en abrégé : Médine.
C'était un jour
historique. Les médinois affluèrent à la rencontre du Messager d’Allah ), les rues et les terrasses des maisons vibraient de
louanges et de vénération dédiées à Allah.
Les filles de Médine chantaient le
poème « Tala’a-l-badrou », envahies de joie et de gaieté.
Le
Prophète continua à avancer au milieu de
cette foule compacte. Chaque fois qu’il passait devant une maison des Ansars
(partisans du Prophète à Médine), ceux-ci l’interceptaient et disaient : «
Séjourne chez nous, ô Envoyé d’Allah ! Nous sommes forts et nombreux pour te
défendre ». Ce à quoi le Messager d'Allah ,
faisant allusion à sa chamelle, répondait : « Laissez-la, car elle est sous
l’ordre d’Allah ».
La monture poursuivit sa marche jusqu'à l'endroit actuel de
la mosquée du Prophète ; alors, elle
s'agenouilla, mais ensuite se releva, marcha un peu, fit volte face, revint et
s'agenouilla au premier endroit, c’est-à-dire devant la maison de Abou Ayyoub
Khaled Ibn Zayd, de la tribu des Bani Najjar, oncles maternels du Messager
d’Allah .

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