« Toi aussi, tu cachais ta foi lorsque tu étais à la Mecque, ô Miqdâd. »

[Parole du Prophète s'adressant à AI-Miqdâd, rapportée par Al-Bazzâr, At-Tabarânî et Ad-Daraqutni.]

 

Badr, an 2 de l'Hégire.

Les compagnons du Prophète se trouvaient dans l'obligation d'affronter, pour la première fois, les païens qurayshites dans une bataille qui restera célèbre dans l'histoire.

Le Messager de Dieu haranguait ses compagnons alignés devant lui en leur demandant de lui renouveler leur soutien. Il s'adressa notamment aux Ansârs en leur demandant leur avis sur cette bataille qui allait engager leur destin.

En homme loyal et juste, le Messager de Dieu voulait demander à ces hommes qui l'avaient accueilli et hébergé après son départ de la Mecque, s'ils étaient disposés à s'engager dans une bataille où ils pouvaient risquer leur vie.

Après tout, ces derniers pouvaient lui rétorquer que cette bataille ne les concernait pas et qu'ils avaient déjà suffisamment fait en l'accueillant et en lui accordant l'asile. Mais les Ansârs n'étaient pas hommes à se comporter ainsi.

Leur engagement en faveur du Messager de Dieu en qui ils avaient cru avec sincérité, ne pouvait s'arrêter à l'accueil et à l'hébergement.

Avec leurs frères dans la foi, les Mûhâjirin, ils sont prêts à aller jusqu'au bout de leur engagement avec le Messager de Dieu .

Un de ces hommes illustres qui s'engagèrent avec le Messager de Dieu se leva alors et dit avec assurance :

-« Ô Messager de Dieu ! Vas vers ce que Ton Seigneur t'a montré, nous sommes avec toi.Par Dieu, nous
ne te dirons pas comme les enfants d'Israël ont dit à Moïse :"Vas combattre
toi et Ton Seigneur, quant à nous, nous demeurons ici."

-Non, nous te disons :" Vas combattre toi et Ton seigneur, nous combattrons avec vous ! Par Celui qui t'a
envoyé par la vérité, si tu nous menais à Barq Al-Ghimad, nous te suivrons pour combattre
à tes côtés jusqu'à ce que Dieu nous fasse triompher sur nos ennemis". »
 

Le visage du Messager de Dieu s'illumina à l'écoute de ces paroles.

Il savait, certes, la sincérité et la fidélité de ses compagnons – Muhâjirîn et Ansârs – à tenir leurs engagements, mais il ne s'attendait nullement à une si profonde et sincère expression de fidélité sortie d'un cœur rempli de foi et d'amour. C'était AI-Miqdâd Ibn 'Amr qui venait de prononcer ces admirables paroles.

Les paroles qu'il venait de prononcer allèrent droit dans le cœur du Messager de Dieu qui invoqua le Seigneur pour son compagnon. Ces paroles eurent un grand impact sur les musulmans rassemblés pour la bataille de Badr.

Le chef des Ansârs, Sa`d Ibn Mu`âdh se leva alors et dit :

« Ô Envoyé de Dieu, nous avons cru en toi et ajouté foi à ce que tu nous as apporté comme étant la vérité. Nous t'avons donné, en retour, notre serment et notre engagement.

Aussi, tu peux continuer ton chemin là où tu veux, ô ! Messager de Dieu, nous sommes avec toi. Par celui qui t'a envoyé par la vérité, si tu nous invites à traverser cette mer avec toi, nous la traverserons sans que personne d'entre nous ne s'en abstienne. Nous ne craignons pas de rencontrer demain nos ennemis avec toi. Nous sommes persévérants... et peut-être que Dieu te fera découvrir ce qui en nous te donnera satisfaction. Aussi diriges-nous sous la bénédiction du Seigneur. »
 

Comme celles d'Al-Miqdâd avant lui, les paroles de Sa`d Ibn Mu'âdh, réjouirent le Messager de Dieu qui dit à ses compagnons : « Mettez-vous en marche et réjouissez-vous. »

Et les musulmans se réjouirent. Devant une armée supérieure en nombre et en moyens de guerre, ils remportèrent une victoire éclatante. Ce jour, ils n'étaient que trois cent treize devant mille soldats ennemis. De plus, ils n'avaient que trois chevaux que montaient Az-Zubayr Ibn Al-'Awwâm. Al-Murthâd Ibn Abî Al-Murthâd et notre compagnon, Al-Miqdâd Ibn 'Amr .

Celui-ci se distingua avec bravoure en tant que cavalier lors de cette bataille mémorable à l'instar de ses autres compagnons.

Mais Al-Miqdâd n'était pas seulement un cavalier émérite et courageux. Il était aussi un sage clairvoyant et un ascète engagé dans la lutte contre les tentations de l'âme. Un jour, rapporte-t-on, le Messager l'envoya diriger une contrée.

 

À son retour, il lui demanda : « Comment te sens-tu dans ton nouveau poste ? » Il répondit : « J'ai failli finir par croire que tous les gens étaient là à mon service. » Et avec une sincérité admirable, il ajouta : « Par Celui qui t'a envoyé par la vérité, dorénavant je ne commanderai plus jamais ne serait-ce que deux personnes. »

C'est dire l'humilité qui animait notre pieux compagnon de peur que son orgueil ne lui fasse oublier ses devoirs vis-à-vis de Dieu et des hommes. Aussi, il s'éloigna définitivement de toute forme de commandement et d'autorité. Il refusa un jour, à un homme, de vanter les mérites du Calife 'Uthmân , en lui disant :

« Le Messager de Dieu nous a ordonnés de jeter de la terre aux yeux des courtisans. »
 

On lui reconnaît plusieurs actes de thaumaturgie. C'est ainsi, rapporte-t-on, qu'un nuage l'avait accompagné durant un long moment en l'abritant du soleil alors qu'il était en compagnie de trois autres compagnons.

Une autre fois, raconte Abû Nu`aym dans son ouvrage "Les preuves", ce fut un gros rat qui lui apporta des pièces d'argent l'une après l'autre jusqu'à ce qu'elles atteignirent le nombre de dix-sept. Il alla voir le Messager de Dieu et lui parla de ce phénomène. Ce dernier sourit et lui dit : « Tu n'as pas à payer de zakât, Dieu a béni ta fortune en te donnant cet argent. »

Sa sagesse était aussi célèbre parmi les compagnons. Il savait dire le mot qu'il fallait au moment opportun.

Un jour, un homme passa devant lui et dit : « Heureux celui dont les yeux ont vu le Messager de Dieu. »  Il s'adressa ensuite à AI-Miqdâd et lui dit : « Par Dieu, nous aurons bien aimé voir ce que tu as vu et prendre part à tout ce à quoi tu as pris part. »

Notre pieux compagnon lui répondit : « Que personne parmi vous ne souhaite avoir vécu une situation ou un événement où il aurait peut-être mal agi ! Par Dieu, nombreux étaient ceux qui avaient vécu à l'époque du Messager de Dieu sans que cela ne les ait empêchés d'être comptés au nombre des gens de l'enfer. Ne feriez-vous pas mieux de rendre grâce à Dieu qui vous a empêchés de partager leur sort, et vous a donné la foi en Lui et en Son Envoyé. »

Tel était AI-Miqdâd dans sa sagesse et sa clairvoyance. Il avait un grand amour pour l'Envoyé de Dieu qui était pour lui tout ce qu'il y a de plus précieux au monde. Il ne pouvait concevoir que celui-ci puisse être l'objet d'un tort ou d'un danger quelconque. C'est pourquoi, raconte-t-on, à chaque fois qu'une rumeur sur un danger imminent menaçant le Messager de Dieu circulait à Médine, Al-Miqdâd apparaissait soudainement, montant son cheval et portant son épée et son armure.

Son courage était légendaire, de même que son intelligence militaire.

À 'Amr Ibn Al-`Âs qui lui demandait des renforts en Égypte, le Calife 'Umar Ibn Al-Khattâb envoya un message où dans lequel lui dit : « Je t'envoie quatre mille hommes ; à la tête de chaque millier, il y a un homme qui vaut à lui seul mille hommes. Ce sont : Az-Zubayr Ibn Al- `Awwâm, Al-Miqdâd Ibn 'Amr, 'Ubâda Ibn As-Sâm et Maslama Ibn Mukhallad. »

Mais le courage et la témérité chez Al-Miqdâd devaient se conjuguer avec la justice et l'équité sinon ils n'avaient aucun sens. Et sur ce plan-là, il était intransigeant.

Lors d'un siège ennemi, le chef des musulmans ordonna à ses hommes de ne point paître leurs montures. Or, un de ces hommes, n'ayant pas entendu cet ordre, avait laissé paître sa monture. Cela lui a valu une punition sans commune mesure avec la transgression commise. Al-Miqdâd, qui avait été mis au courant de cet incident, prit l'homme par la main et ils s'en allèrent tous deux voir le chef des musulmans.

Notre illustre compagnon eut avec lui une discussion où il lui montra son abus vis-à-vis du soldat ayant transgressé ses ordres. Il lui demanda, pour réparer son tort, de laisser ce dernier prendre sa revanche et de lui rendre les coups reçus.

Le chef de la troupe accepta cette réparation, mais le brave soldat, objet de la punition, refusa de se venger et pardonna à son chef. Al-Miqdâd fut subjugué par tant de sincérité et de grandeur d'âme.

Il eut alors ces fameuses paroles : « Je peux mourir maintenant que l'islam est tout puissant. »

Et il mourra, en effet, en laissant l'islam au summum de sa puissance, porté par des milliers de ses fidèles, enthousiastes et résolus à le propager aux quatre coins du monde.

Que Dieu soit satisfait de lui !

 

 

  

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