« Oui, je témoigne que Muhammad est l'Envoyé de Dieu. »
[ Réponse de Habîb Ibn Zayd à Musaylima l'imposteur. Voir la sîra d'Ibn Hishàm ]

 

C'est dans une demeure illuminée par la foi et l'amour de Dieu que naquit notre illustre compagnon Habîb Ibn Zayd .

En effet, son père n'était autre que Zayd Ibn 'Asie , un des premiers Ansârs et l'un de ceux qui firent le serment d'Al-'Aqaba en faisant allégeance au Messager de Dieu.

Quant à sa mère, c'était la fameuse Nassîba Al-Maziniyya, surnommée Um 'Amâra, celle à qui le Messager de Dieu avait dit à la bataille de Uhud :

« Qui peut supporter ce que tu supportes ô Um 'Amâra ? »
 

Son frère 'Abdallah Ibn Zayd était aussi un illustre compagnon qui se distingua le jour Uhud en faisant avec sa mère Um 'Amara des boucliers de leurs corps pour défendre le Prophète . En somme, c'était une famille bénie de pieux croyants pour qui le Messager de Dieu invoqua Son Seigneur en ces termes :

« Que Dieu vous bénisse ô famille de Habîb ! Que Dieu vous accorde Sa Miséricorde. »
 

Toute cette illustre famille avait fait le serment d'allégeance d' Al- 'Akaba. Elle restera fidèle jusqu'à la mort. Le jeune Habîb grandira donc dans une ambiance de foi, de piété et de pureté qui façonnera sa personnalité et affermira son caractère et sa volonté comme nous le verrons plus tard.

À Badr et à Uhud, notre illustre compagnon ne put être présent car il était très jeune pour porter les armes. Mais il ne ratera plus une bataille ou une expédition, après ces deux batailles. Ses exploits resteront gravés dans les coeurs et les esprits de tous les musulmans.

 Mais, ce qui le fera connaître le plus aux musulmans, c'est son comportement héroïque et inoubliable qui le mena jusqu'au sacrifice, face à l'imposteur Musaylima. À vrai dire, ce face à face entre notre glorieux compagnon et Musaylima restera dans les annales de l'histoire comme l'exemple suprême du sacrifice au service de la foi.

Et, c'est grâce à des hommes comme Habib que l'islam triomphera de tous ceux qui, par leur haine, leur ignorance ou par leur imposture et leu opportunisme, ont voulu empêcher l'épanouissement de l'islam. Mais remontons au début de cette histoire pour mesurer la valeur de cet homme exceptionnel que fut Habîb Ibn Zayd.

 Nous sommes en l'an neuf de l'hégire. L'islam qui venait de triompher de ses ennemis parmi les païens arabes et les juifs de Médine ligués contre lui, se propageait maintenant dans toute la péninsule arabique. Les tribus arabes venaient de partout pour faire allégeance et recevoir les enseignements de l'islam. Parmi ces tribus, il y avait les Banu Hanifa venus du Najd. Ils firent allégeance au Messager de Dieu qui les accueillit avec beaucoup d'égards et leur exposa les préceptes de l'islam qu'ils acceptèrent.

Or, dès leur retour au Najd, un des leurs, nommé Musaylima Ibn abîb, abjura l'islam et se prétendit lui-même prophète des Banû Hanifa.

Son clan, par esprit tribal, le suivit et se groupa autour de lui. Ensuite, grisé par l'ascendant qu'il prit sur ses concitoyens il eut l'audace d'envoyer au Prophète un message dans lequel il était écrit :

« De Musaylima, Messager de Dieu à Muhammad, Messager de Dieu. Paix sur toi ! On m'a associé avec toi
dans ce message. Nous avons à nous deux la moitié de la terre, et à Quraysh l'autre moitié,
mais Quraysh est une tribu belliqueuse. »
 

Dès qu'il reçut ce message de la part de deux émissaires Musaylima, le Messager de Dieu appela un de ses scribes et lui dit la réponse suivante :

« Au nom de Dieu le Miséricordieux, le tout Miséricordieux. De Muhammad, Messager de Dieu, à Musaylima l'imposteur. Paix sur ceux qui suivent la bonne guidance. La terre appartient à Dieu. Il la donne en héritage
à qui Il veut d'entre Ses serviteurs et en dernier lieu, ce sont ceux qui craignent Dieu qui triomphent. »
 

Cette réponse admirable mit un terme aux rêves et aux velléités de l'imposteur Musaylima qui croyait que la prophétie est une chose temporelle que l'on peut hériter ou se partager.

Le Messager de Dieu confia cette lettre aux deux émissaires de Musaylima avec l'espoir que cela mettra un terme aux ambitions absurdes de cet imposteur. Or, celui-ci, voyant le nombre de gens de son clan grandir sans cesser et se grouper derrière lui, par chauvinisme et clanisme, loin de modérer ses ardeurs, relança de plus belle ses prétentions mégalomanes.

Ceci amena le Messager de Dieu à lui envoyer un autre message dans lequel il désavoue sévèrement sa conduite insensée. Cette fois-ci, c'est à notre illustre compagnon Habîb Ibn Zayd que le Prophète confia la mission de remettre cette lettre à Musaylima.

Celui-ci, tout heureux d'accomplir la mission pour laquelle l'avait choisi le Messager de Dieu , partit à bride abattue au Najd où Musaylima avait établi son quartier général.

Ce dernier, en lisant la lettre du Prophète entra dans une grande colère et ordonna l'arrestation de Habîb Ibn Zayd . Pourtant, les ambassadeurs et les émissaires avaient un statut sacré et une immunité qui les mettaient à l'abri des coups de colère et des humeurs des rois et des hommes qui tiennent le pouvoir. Mais que faut-il attendre de la part d'un homme comme Musaylima dont les ambitions terrestres lui ont fait oublier même le sens de l'honneur et les règles diplomatiques. Cet imposteur était mu par un orgueil qui l'aveuglait et lui faisait oublier les règles de l'hospitalité chères aux Arabes.

Il rassembla ses partisans et se fit amener l'émissaire du Prophète , Habîb Ibn Zayd, enchaîné. Ce dernier, dont le corps portait des traces de torture, se tenait fier et le visage serein, nullement impressionné par ce spectacle.

Musaylima lui dit : « Témoignes-tu que Muhammad est le Messager de Dieu . »

Habîb répondit : « Oui, je témoigne que Muhammad est le Messager de Dieu. »

Le visage de Musaylima devint rouge de colère et de confusion. Il lui ajouta : « Témoignes-tu que je suis le Messager de Dieu ? »

Habîb  lui rétorqua avec une pointe d'ironie : « Je n'entends rien de ce que tu dis. »

Cette réponse enragea l'imposteur qui ordonna à un de ses sbires de lui arracher un morceau de sa chair avec sa fine épée. Il lui posa la même question : « Témoignes-tu que je suis le Messager de Dieu ? »

Et Habîb, souffrant de son supplice, de répondre : « Je t'ai dit que je n'entends rien de ce que tu dis. »

 

L'imposteur ordonna de nouveau à son bourreau de lui arracher un morceau de sa chair. Et c'est ainsi que commença le long supplice de notre illustre compagnon sous les yeux des centaines de partisans de Musaylima subjugués par son courage et sa foi. Musaylima interrogeait, et Habîb répondait imperturbable : « Je témoigne que Muhammad est le Messager de Dieu . » Et le bourreau lui arrachait sa chair, morceau par morceau, avec une cruauté sans pareille. Cette cruelle situation dura jusqu'à ce notre glorieux compagnon ne fût plus qu'un amas de chair sanguinolente en murmurant : « Je témoigne que Muhammad saws est le Messager de Dieu. » Le dernier souffle de son âme bénie quittant son corps se confondit avec ces paroles sublimes.

 

Sa mère Nassîba reçut la nouvelle de sa mort avec un courage et une sérénité qui suscitent l'admiration. Tout ce qu'elle eut à dire c'était:

« C'est pour ce genre d'attitude que je l'ai préparé et c'est dans la miséricorde de Dieu qu'il se trouve maintenant. Il a fait serment d'allégeance au Messager de Dieu étant enfant et il vient de le respecter en étant adulte. Quant à Musaylima, si Dieu me donne l'occasion de le rencontrer,
je ferai en sorte que ses filles se lamentent sur lui en se frappant les joues. »
 

Ce moment-là ne tarda pas à venir, lorsque Abû Bakr , devenu Calife après la mort du Messager de Dieu, ordonna la mobilisation générale pour combattre l'imposteur. Les musulmans répondirent à cet appel, et parmi eux, Nassîba, la mère de Habîb. Cette dernière ne cessait de parcourir le champ de bataille avec son autre fils `Abdallah en disant aux musulmans :

« Montrez-moi l'ennemi de Dieu ! Où est l'ennemi de Dieu ? »
 

Lorsqu'elle le trouva, il était déjà étendu mort sur le champ de bataille. Nassîba venait d'avoir sa revanche. L'ennemi de Dieu, Musaylima, a fini sa vie tristement, comme il l'a commencée. Sa carrière d'imposteur s'est achevée dans le sang. Son nom, synonyme d'imposture, de mensonge et d'opportunisme disparaîtra des coeurs et des mémoires une fois qu'il sera mort.

Par contre, le nom de notre illustre compagnon, Habîb Ibn Zayd  restera toujours honoré et béni jusqu'à la fin des temps, car ce nom est devenu synonyme de foi et de fidélité au serment.

 

 

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