« Le meilleur lecteur du Coran dans ma communauté
est Ubay Ibn Ka `b ! »
[Parole du Prophète Muhammad, citée dans le Sahih
al-Jâmî' as-saghîr de Suyûtî Yusuf An-Nabhâni et Nasr-ad-dîn Al-Albânî.
Librairie Al-Maârif, Riyadh, 1987, p. 129]
Pour avoir une idée de la
science et de l'érudition de cet illustre compagnon, relatons cette anecdote.
Un jour, alors que le Prophète
dirigeait la prière, il oublia un verset.
Ubay , qui était à l'arrière, récita le verset manquant. Quand le
Prophète
eut terminé la prière, il demanda qui l'avait corrigé. On lui dit
que c'était Ubay Ibn Ka`b . Il eut alors cette remarque : « Je pensais bien
que c'était lui. »
Ubay Ibn Ka`b
est un ansarî de la tribu des Khazraj.
Converti très tôt à l'islam, il fut de ceux qui prêtèrent serment
d'allégeance au Messager de Dieu
lors de la rencontre d'Al-'Aqaba.
Il était
présent à Badr et dans de nombreuses autres batailles menées par le Messager de
Dieu
et ses compagnons. Bien qu'il ait toujours répondu présent à toutes les
batailles, il excellait dans la science et le savoir. En effet, ce n'est pas
sans raison que le Messager de Dieu
a dit : « Ubay Ibn Ka`b est le plus grand
lettré de ma communauté. »
Cet homme très instruit et très intelligent
était passé maître dans la récitation et la connaissance du Coran.
L'Envoyé
de Dieu
lui demanda un jour « Ô Abû Al-Mundhir ! Quel est le verset le
plus auguste du Coran »
Ubay
répondit : « Dieu et Son Messager sont les plus
savants à ce sujet .» L'Envoyé de Dieu lui posa la question de nouveau, ce à
quoi celui-ci répondit : « C'est le verset du Trône, ô Messager de Dieu. »
Le Prophète
satisfait de cette réponse, se frappa la poitrine de sa main et
lui dit : « Que Dieu te bénisse pour ta science, ô Abû Al-Mundhir ! »
Cet
illustre compagnon était un des secrétaires de la Révélation et un des scribes
qui écrivaient les messages du Prophète . Il s'est consacré complètement à la
connaissance et à l'étude du livre sacré.
Une fois, le Messager
lui dit : «
Ô Ubay Ibn Ka`b ! On m'a ordonné de réciter le Coran avec toi. »
Au
comble de la joie, il s'écria : « Je te sacrifie mon père et ma mère, ô Messager
de Dieu, Dieu a-t-il mentionné mon nom ? » Le Prophète
répondit : « Oui, Il
a mentionné ton nom dans le ciel. » Ka`b
en fut si heureux que des larmes
coulèrent de ses yeux.
Il ne quitta jamais l'entourage du Messager
tant
que celui-ci était de ce monde. Il était toujours présent à ses cercles
d'enseignement où il s'abreuvait de sa science et de sa sagesse.
Ce n'est
pas un hasard s'il fut l'un de ceux qui rapportèrent le plus de hadiths. Notre
pieux compagnon
avait choisi sa voie. C'était celle de la science et de
l'instruction.
'Umar
qui avait une bonne connaissance des hommes ne s'est
pas trompé en disant de lui : « Ubay est le maître des musulmans.
»
C'était lui qui dirigeait les prières surérogatoires des nuits du
Ramadan du vivant du Prophète
et après sa mort.
On rapporte également que
'Umar
aurait dit :
« Celui qui veut savoir quelque chose du Saint Coran, qu'il
aille voir Ubay Ibn Ka`b. Celui qui veut connaître les obligations religieuses,
qu'il aille voir Zayd Ibn Thâbit.
Celui qui veut savoir quelque chose sur la
jurisprudence, qu'il aille voir Mu`âdh Ibn Jabal. Et celui qui veut savoir
quelque chose sur les finances, qu'il vienne me voir, car Dieu m'en a fait le
comptable et le gérant. »
Ubay Ibn Ka`b
était l'un de ceux qui donnaient
des fatawi (avis religieux) du vivant même du Messager de Dieu .
On
rapporte que ceux-ci étaient au nombre de six ; trois ansarîs : Ubay Ibn
Ka'b, Mu'âdh Ibn Jabâl et Zayd Ibn Thâbit, et trois Muhâjirîn : 'Umar,
`Uthmân et 'Ali .
Ce pieux compagnon était un sage accompli et un ascète
admirable.
Ses maximes expriment bien sa sagesse :
« Nous étions avec le
Messager de Dieu
comme un seul homme. Mais après sa disparition, nos visages se
sont détournés qui à droite, qui à gauche. »
Il disait aussi
:
« Il n'y a pas
de serviteur qui met un terme à une chose malsaine pour l'amour de Dieu sans que
Dieu ne lui donne en contrepartie ce qui est meilleur et d'où il ne s'attendait
pas. De même, il n'y a pas de serviteur qui délaisse ce que Dieu lui ordonne et
va le chercher ailleurs, sans que Dieu ne lui impose ce qui est plus pénible et
d'où il ne s'attendait pas. »
À un homme qui lui demandait de lui donner
un conseil, notre pieux compagnon répondit :
« Prends le Livre de Dieu comme
guide et acceptes-le comme juge et maître, car ce que votre Messager vous a
légué est un intercesseur pour ceux qui obéissent et un témoin qu'on ne peut
démentir. Vos nouvelles et celles de ceux qui vous ont précédés y sont
inscrites, de même que les sentences qui vous concernent et concernent ceux qui
viendront après vous. »
En plus de sa sagesse, cet homme illustre était
connu pour son franc-parler et sa sévérité à dénoncer les injustices et les abus
des gouvernants. Il avait l'habitude de flétrir le comportement des
gouvernants du haut de la chaire de la mosquée en disant :
« Ils sont perdus par
le Seigneur de la Ka'ba. Ils sont perdus et ils ont provoqué la perte des
autres. Pourtant, je ne me lamente pas sur leur sort, mais sur celui des
musulmans qui ont péri par leur faute. »
Ses prêches avaient une grande
influence sur ceux qui venaient l'écouter. Il savait remuer les âmes et
toucher les cœurs. Lui-même était d'une sensibilité extrême. Il versait
des larmes à chaque fois que le Nom de Dieu
était prononcé ou que le jour du
jugement était évoqué.
À sa mort, une voix vigoureuse et intransigeante qui
luttait pour la vérité et la justice s'éteignit. Il avait toujours
appréhendé pour la communauté les affres de la division et de la violence qui
mettraient en péril sa cohésion. Il fit tout ce qu'il pouvait pour lui faire
épargner ces vicissitudes.
Dieu
le rappela à Lui. Et c'est ainsi que le
maître des musulmans quitta ce monde pour rejoindre le Messager de Dieu
et ses compagnons.
« Ô toi, âme, retourne vers Ton Seigneur, satisfaite
et agréée, entre donc parmi Mes serviteurs, et entre dans Mon paradis. » [Sourate
90 - Verset 27/30 ]

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