« Trois hommes parmi les Ansârs, nul autre n'a pu dépasser leurs mérites : ce sont
Sa `d Ibn Mu'âdh Usayd Ibn Hudayr et 'Abbâd Ibn Bishr. »


[ Parole de Aïsha, la mère des croyants ]

 

Lorsque Mus'ab Ibn 'Umayr , que le Messager de Dieu avait envoyé à Yathrib pour prêcher les préceptes de l'islam, commença à tenir des séances de lecture du Coran, 'Abbâd Ibn Bishr avait alors vingt cinq ans. C'était un habitué des cours de Mus'ab . Dès qu'il a entendu les premiers versets du Saint Coran, il en fut subjugué et devint musulman.

 

Lorsque le Messager de Dieu vint s'établir à Yathrib, devenue Médine, 'Abbâd devint l'un de ses plus fidèles compagnons. Il ne le quittait pas un instant, l'accompagnant dans toutes les expéditions contre les païens et se proposant même, la nuit tombée, de veiller sur sa sécurité. On rapporte, en effet, que lors de l'expédition de Dhât Ar-Riga', le Messager de Dieu décida de bivouaquer dans un endroit peu sûr pour passer la nuit. Pour ce faire, il demanda à ses compagnons des volontaires pour faire le guet. Il n'avait pas encore terminé sa phrase, que 'Abbâd Ibn Bishr et Ammâr Ibn Yâsir se levèrent et dirent : « Nous ferons le guet, ô Envoyé de Dieu. »

 Une fois seuls, 'Abbâd dit à 'Ammâr : « Veux-tu dormir à la première ou à la deuxième partie de la nuit ? » 'Ammar répondit : « Je préfère la première partie. » Et il s'endormit à quelques pas de son compagnon. Quant à 'Abbâd , voyant que tout était calme, il jugea utile et propice de profiter de cette belle occasion pour faire quelques prières et réciter en même temps des versets du Saint Coran.

Il se leva alors et se mit à prier avec un grand recueillement et une profonde humilité. Tout à coup, une flèche tirée par un païen caché derrière un rocher l'atteignit au bras.

Sans broncher outre mesure, il l'enleva et continua sa prière. Quelques instants après, une deuxième flèche vint se ficher dans son bras, puis une troisième. Il les ôta et fit des efforts surhumains pour terminer sa prière.

Il rampa ensuite vers son compagnon 'Ammâr endormi et le secoua jusqu'à qu'il se réveillât et lui dit :


« Viens prendre ma place, les blessures m'ont affaibli. »
 

En voyant 'Ammâr se réveiller, l'assaillant prit la fuite. 'Ammâr , que l'état de 'Abbâd avait peiné, dit à celui-ci : « Gloire à Dieu ! Pourquoi ne m'as-tu pas réveillé lorsque la première flèche t'a touché ? » Et notre illustre 'Abbâd de lui répondre :

« J'étais en train de réciter des versets qui me captivèrent et je n'ai pas voulu y mettre un terme avant de les achever. Par Dieu, si je n'avais pas craint de négliger ce dont m'a chargé de faire le Messager de Dieu,
j'aurais choisi de mourir que d'interrompre la récitation. »

 

Ainsi était cet illustre compagnon. Un homme pieux, spirituel et à l'âme tournée vers l'au-delà. La lecture du Coran avait soumis son âme et occupé ses jours et ses nuits. Les compagnons avaient fini par le surnommer « l'ami du Coran ». 

Une nuit où le Messager de Dieu était en train de veiller il entendit une voix douce et suave qui récitait le Saint Coran, comme s'il venait d'être révélé. Il dit à 'Âïsha :

– « N'est-ce pas la voix de 'Abbâd Ibn Bishr ? »

– « Oui, ô Messager de Dieu, répondit 'Âïsha. »

– « Ô mon Dieu pardonne-lui ses péchés. » reprit le Messager de Dieu.
 

Une autre nuit, tandis qu'il quittait avec Usayd Ibn Hudayr la demeure du Messager de Dieu , une lumière surnaturelle sortit de leurs cannes et leur illumina le chemin jusqu'à ce qu'ils arrivèrent chez eux. À partir de ce jour-là, notre illustre compagnon sera reconnu comme « l'homme que la lumière de Dieu accompagne. »

Cet homme était de la stature des saints et des martyrs. Lorsqu'il s'agissait de lutter pour l'islam, il était toujours le premier, mais lorsqu'il était question de distribuer le butin, il fallait le chercher pour le trouver, tellement il était détaché de choses de ce monde.

Aïsha , la mère des croyants, a eu le mot juste en disant :  

« Trois hommes parmi les Ansârs, nul autre n'a pu dépasser leurs mérites : ce sont Sa`d Ibn. Mu'âdh, Usayd Ibn Hudayr et 'Abbâd Ibn Bishr. »

 

À la mort du Messager de Dieu , notre pieux compagnon continua à honorer son engagement. L'Envoyé de Dieu est mort, certes, puisque toute âme doit goûter à la mort, mais son message, la Révélation qu'il apporta, sont toujours là qui illuminent les âmes et revivifient les cœurs.

Le Messager de Dieu n'a-t-il pas dit :

« Je vous ai laissé deux choses qui vous empêcheront de vous égarer si vous vous y attachez fermement. Ce sont le Livre de Dieu et ma Sunna... »
 

C'est pourquoi 'Abbâd continua son parcours de croyant comme si le Messager de Dieu était toujours parmi ses compagnons.

 Lorsque Abû Bakr ordonna de combattre les tribus arabes autour de l'imposteur Musaylima, 'Abbâd se hâta vers son destin, avec l'espoir de trouver peut-être la fin du martyr. Or, la veille de cette bataille mémorable, notre glorieux compagnon fit un rêve prémonitoire qu'il racontera à Abû Sa`îd Al-Khudari. Il vit, lui dira-t-il, le ciel s'ouvrir pour lui et, lorsqu'il y entra, il se referma sur lui. Abû Sa'îd Al-Khudarî lui dit : « Par Dieu, ce sera ton martyr, ô 'Abbâd. »

Et la bataille commença. Au milieu du fracas des armes, on entendit la voix de 'Abbâd crier de toutes ses forces : « Ô vous les Ansârs ! Distinguez-vous des gens et cassez les lames de vos épées ! Ne laissez pas de failles à l'ennemi pour attaquer l'islam à partir de vos positions ! »

Quatre cents hommes parmi les Ansârs, à la tête desquels se trouvaient Thâbit Ibn Qays, Al-Barrâ' Ibn Mâlik et Abû Dujâna , accoururent vers lui. Ils combattirent avec acharnement jusqu'à ce qu'ils forcèrent l'imposteur à entrer avec ses hommes dans le célèbre jardin de la mort où ils laissèrent la vie.

Ainsi prit fin la triste aventure de l'imposteur Musaylima grâce à la bravoure et au sacrifice d'hommes comme 'Abbâd Ibn Bishr .

À la fin de la bataille, on trouva son corps transpercé de partout. On ne le reconnut que grâce à un signe distinctif qu'il avait sur le corps. Sa vision s'est avérée vraie. L'âme d'un juste venait de monter au ciel, assoiffée de la vision divine.

 

 

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