« Que Dieu t'ajoute encore plus de soin dans Son obéissance et celle de Son Messager, ô Ibn Rawâha? »


[ Parole du Prophète Muhammad, rapportée par Ibn 'Asâkir d'après 'Abd ar-Rahman Ibn Abî Layla.]

 

Il faisait partie des douze représentants des Ansârs qui firent avec le Messager de Dieu le premier serment 'Al-'Aqaba. On le retrouvera aussi parmi les soixante-douze doyens des Ansârs qui viendront l'année suivante sceller leur serment et faire acte d'allégeance à l'Envoyé de Dieu . C'était donc un des premiers habitants de Yathrib à embrasser l'islam.

Plus tard, lors de l'émigration des musulmans à Yathrib devenue Médine, Ibn Rawâha s'avérera comme l'un des plus ardents défenseurs du message prophétique contre ses détracteurs parmi les hypocrites, c'est-à-dire ceux qui ont fait semblant d'adhérer à l'islam tout en restant impies par le cœur. Ceux-ci, à leur tête `Abdallah Ibn Salûl, faisaient tout pour comploter contre l'islam. Ils voulaient le discréditer en le dénigrant et en médisant de lui. Et notre pieux compagnon faisait tout son possible pour contrecarrer leurs plans. Il utilisera sa connaissance de l'écriture et son art à composer des poèmes pour répondre aux détracteurs de l'islam.

Sa poésie engagée faisait l'apologie de l'islam et de Son Messager. L'Envoyé de Dieu appréciait beaucoup sa poésie. Un jour, il lui demanda :

« Ô Ibn Rawâha, comment arrives-tu à composer des poèmes lorsque l'envie te prend ? »
 

Notre illustre compagnon répondit :

« Je pense ce que je veux dire et puis je récite... »

 

Sa poésie stimulait les musulmans à aller de l'avant, même dans les moments les plus critiques. À chaque événement, dans chaque circonstance particulière, il trouvait les mots qui convienaient. Un jour, rapporte-t-on, le Messager de Dieu partit rendre visite à Sa`d Ibn Mu'âdh , monté sur un âne. En cours de route, il rencontra un groupe de personnes parmi lesquelles se trouvaient 'Abdallah Ibn Salûl – qui était encore païen – et Ibn Rawâha.

 

Le Prophète s'arrêta devant le groupe et se mit à leur prêcher l'islam. Tout à coup, un vent de poussière provoqué par un faux mouvement de l'âne enveloppa le groupe, et 'Abdallah Ibn Salûl se cacha le visage avec son manteau.

Il s'adressa au Messager et lui dit :

« Si ce que tu dis est la Vérité, arrête de perturber nos assemblées. Retourne vers d'où tu viens et prêche à celui qui vient te rendre visite pour t'entendre. »
 

Ibn Rawâha , qui était présent, se leva et dit :

« Ô Messager de Dieu ! Perturbe nos assemblées avec tes prêches car nous aimons cela ! »
 

Ces paroles réjouirent le Prophète .

 Cet illustre compagnon aimait le Messager de Dieu d'un amour passionné et désintéressé. Il lui obéissait dans tout ce qu'il demandait. Un jour, alors que le Messager de Dieu prêchait dans la mosquée. il ordonna aux gens qui entraient de s'asseoir.

Ibn Rawâha qui n'était pas encore arrivé à la mosquée, entendit l'ordre du Prophète . Aussitôt, il s'assit là où il était en réponse à cet ordre et y restai jusqu'à la fin du prêche. Lorsque l'Envoyé de Dieu apprit cela, il dit à Ibn Rawâha :

« Que Dieu augmente ton obéissance à Son égard et à l'égard de Son Messager ! »
 

Il était aussi très scrupuleux à suivre le Prophète dans ses actes et sa Sunna. Abû Ad-Dardâ rapporte, à ce sujet, ce qui suit :

« Il nous arrivait d'accompagner le Messager de Dieu dans certains de ses voyages au cours de journées caniculaires telles qu'un homme mettait sa main sur sa tête pour s'abriter du soleil. Personne d'entre nous ne pouvait jeûner ces journées-là, hormis le Messager de Dieu et 'Abdallah Ibn Rawâha . »

 

Cet admirable homme était constamment à la recherche du martyr. Que ce soit à Badr, à Uhud, à AI-khandaq, à Khaybar et dans d'autre expéditions, il se distinguait toujours par son héroïsme et sa quête du martyr. Sa devise sur les champs de bataille était ce vers de poésie qu'il avait composé :

 « Ô âme, si tu n'es pas tuée, tu mourras quand même ! »

 

Il trouvera pourtant le martyr le jour de la bataille de Mu'ta. Ce fameux jour, l'armée musulmane forte de seulement trois mille compagnons, rencontra l'armée byzantine forte de quelque deux cent mille hommes. Voyant la grande différence numérique entre eux et l'ennemi, les musulmans se concertèrent entre eux et décidèrent d'envoyer un émissaire au Prophète pour lui expliquer la situation et demander des instructions. C'est alors qu'Ibn Rawâha se leva et s'adressa aux musulmans en ces termes :
 

« Ô Hommes ! Par Dieu, vous savez bien que nous ne combattons pas nos ennemis grâce au nombre, à la force ou à la quantité. Nous les combattons grâce à la religion dont Dieu nous a honorés... Élancez-vous donc au combat et vous aurez l'une de ces deux récompenses : la victoire ou le martyr ! »
 

 Comme d'habitude, les mots d'Ibn Rawâha firent de l'effet sur les musulmans et les stimulèrent au combat. Sous les acclamations de « Dieu est grand », l'armée musulmane s'ébranla vers son glorieux destin, ne craignant ni le nombre, ni la force de l'ennemi. Et la terrible bataille commença.

Zayd Ibn Hâritha qui commandait l'armée ne tarda pas à succomber à ses blessures, suivi de Ja'far Ibn bî Tâlib qui avait pris la relève. Ce fut alors le tour d'Ibn Rawâha de prendre le commandement conformément aux instructions du Messager de Dieu . Il commença à haranguer ses soldats pour les stimuler encore plus, puis donnant l'exemple lui-même, il s'élança vers l'ennemi en récitant un de ses plus beaux poèmes:

 

« J'ai juré, ô mon âme, d'être présent au combat ; Pourquoi donc vois-je ta répugnance à aller au Paradis ? Si tu n'es pas tuée, ô mon âme, tu mourras quand même Je sens l'odeur de la mort qui m'entoure ;

Ce à quoi tu aspires, tu l'auras, si tu marches sur leurs pas ( il s'agit de Zayd et Ja far qui précédèrent sur le chemin du martyr ) tu seras bien guidée ;

Si tu marches sur leurs pas, tu seras bien guidée. »

 

Répétant ces vers comme un leitmotiv, il partit à la rencontre de l'ennemi, donnant l'exemple à ses soldats qui admirèrent sa bravoure et sa soif du martyr.

Et il ne tarda pas, lui aussi, à rejoindre ses deux compagnons qui venaient de le précéder dans la voie du martyr. Son corps lacéré de coups témoigne de son engagement dans la bataille. Ainsi mourut cet illustre compagnon qui avait fait du martyr dans la voie de Dieu sa raison de vivre.

Dans un poème qu'il avait composé, il avait prédit, en quelque sorte, son glorieux destin en disant :

« Afin que lorsqu'ils passent devant ma tombe, ils disent combien est guidé par Dieu ce conquérant. »
 

Des siècles après sa mort, personne ne connaît le lieu de sa sépulture, mais cet homme illustre et à la grandeur d'âme restera toujours aux yeux de la postérité, comme l'exemple de la fidélité au serment et du sacrifice suprême au service de la foi.

 

Cliquez ici pour revenir à l'accueil

Cliquez ici pour fermer la fenêtre