« Cherchez la science auprès de 'Umar, de 'Uthman et de 'Ali. Si vous les perdez, cherchez là auprès de quatre personnes : Abâ Ad-Darda, Ibn Mas`ûd, Salman et 'Abdallah Ibn Salam qui était juif avant de se convertir à l'islam. »

[ Parole de Mu'âdh Ibn Jabal . ]

 

C'était un des savants les plus considérés parmi les juifs de Yathrib. De son vrai nom, Al-Husayn Ibn Salam , il était un homme pieux, sage et versé dans les écritures saintes. Sa vie tranquille et paisible, se résumait à ceci : le matin, il le consacrait à prêcher dans la synagogue, l'après-midi, au travail dans sa palmeraie et la nuit à l'étude de la Torah.

Sa connaissance des Écritures bibliques l'a convaincu de l'imminence de la venue d'un Messager qui sera envoyé pour parachever le message divin transmis par les prophètes précédents. Il ne vivra, dès lors, que dans l'attente de l'apparition de cet homme providentiel en priant Dieu pour qu'il soit vivant le jour où celui-ci viendra. Dieu exaucera sa prière.

 

Il nous relate lui-même cette rencontre :

« Lorsque j'ai appris la nouvelle de l'apparition du Messager de Dieu, , j'ai commencé par me renseigner sur son nom, sa famille, ses caractéristiques, son époque, son milieu, en comparant ces données avec ce qui est inscrit dans nos Écritures saintes. Une fois ma certitude établie, en ce sens, je gardai le secret en prenant soin que les juifs n'en sachent rien.

Cela dura jusqu'au jour où le Messager de Dieu sortit de la Mecque à destination de Médine. Lorsqu'il parvint à Qubâ, un habitant de Yathrib nous apporta la nouvelle de son arrivée en la clamant dans toute la ville. Pour ma part, j'étais au sommet d'un palmier en train de procéder à une cueillette, tandis que ma tante paternelle Khâlida Bint Al-Hârith était assise au bas de l'arbre.

Dès que j'entendis les clameurs de cet homme, je m'écriais : "Dieu est grand ! Dieu est grand !"

En m'entendant crier ainsi, ma tante me dit : "Que Dieu te fasse rebuter ! Par Dieu, si tu avais entendu la nouvelle de l'arrivée de Moïse Ibn 'Imrân, tu n'aurais montré une telle joie."

Je lui répondis : "Ô ma tante ! Il est, par Dieu, le frère de Moïse et le continuateur de sa religion. Il a été envoyé avec le même message."

Elle se tut un moment puis me dit : "Est-ce le Messager dont vous nous avez informés, qui confirmera les messages passés et parachèvera la révélation divine ? » Je lui répondis que oui. Elle ajouta alors : "Qu'il en soit ainsi ! »

Laissant là ma tante, je courus à la rencontre du Messager de Dieu . Dans la demeure où il avait élu domicile, je vis un attroupement de gens devant sa porte. Je me faufilai difficilement jusqu’à ce que je parvins devant lui.

Les premières paroles que je l'entendis dire sont : « Ô gens ! Transmettez entre vous le salut de paix, donnez à manger et priez la nuit lorsque les gens dorment pour que vous entriez au paradis dans la Paix. »

Je me mis alors à scruter son visage, à le fixer minutieusement et j'arrivai à la conclusion qu'il ne pouvait s'agir du visage d'un imposteur. Je me rapprochai donc de lui et proclamai la profession de foi

.

- Il se tourna vers moi et me dit : « Quel est ton nom ? »

- Je répondis : « Al-Husayn Ibn Salâm. »

- Il me dit : « Dis plutôt Abdallah Ibn Salâm. »

- Je répondis : « Oh oui, Abdallah Ibn Salâm ! Par Celui qui t'a envoyé avec la Vérité, je ne voudrais plus aucun autre nom à partir de ce jour. »

Ensuite, je partis chez moi où j'appelai mon épouse, mes enfants et mes proches à l'islam. Ils se convertirent tous, même ma tante Khâlida qui était une femme âgée. Je les mis en garde contre les juifs en leur disant : « Gardez secrète ma conversion et la vôtre vis-à-vis des juifs jusqu'à ce que je vous l'autorise. » Ils acquiescèrent tous.

Peu après, je revins voir le Messager de Dieu, et lui dis :

« Ô Messager de Dieu ! J'aimerais que tu invites les chefs des juifs ainsi que leurs notables pour les interroger sur mon rang parmi eux avant qu'ils n'apprennent ma conversion, et que tu les appelles à l'islam. Quant à moi, je resterai caché dans une de tes chambres sans qu'ils ne me voient, car s'ils savaient que j'ai embrassé l'islam ils m'insulteraient et m'accuseraient de tous les maux. »

Le Messager de Dieu me fit introduire dans une pièce et appela les chefs et les notables juifs.

Il leur prêcha l'islam et leur rappela ses bienfaits en leur demandant de chercher ce qu'il y a à son sujet dans leurs Écritures. Or, ceux-ci polémiquèrent avec lui et refusèrent d'accepter l'évidence en usant de faux-fuyants. J'étais en train d'entendre ce qu'ils disaient.

À la fin, désespérant de les voir accepter la Vérité, le Messager de Dieu dit :

— « Que pensez-vous de Husayn Ibn Salâm ?

— Ils répondirent : « Il est notre maître et le fils de notre maître. Il est aussi notre savant et notre érudit et le fils de notre savant et notre érudit.

— Il leur dit : « S'il se convertissait, vous convertiriez-vous ? »

— Ils rétorquèrent : « À Dieu ne plaise ! Il est inconcevable qu'il se convertisse. Dieu le préserve d'un tel acte. »

— Je sortis alors de ma cachette et leur dit : « Ô assemblée des juifs ! Craignez Dieu, vous savez bien qu'il est le Messager de Dieu et qu'il est cité dans la Torah par son nom et ses caractéristiques. Quant à moi, je témoigne qu'il est le Messager de Dieu et je crois en lui. »

— Ils s'écrièrent tous au comble de la colère : « Tu es un menteur ! Par Dieu, tu es le plus mauvais et le fils du plus mauvais d'entre nous. Tu es aussi le plus ignorant et le fils du plus ignorant d'entre nous. »

— Et ils me traitèrent de tous les noms. Je me tournai alors vers le Messager de Dieu et lui dis : « Ne t'ai-je pas dit que les Banû Isrâ'îl sont un peuple de calomnies et de mensonges ? Et un peuple de trahison et de débauche ? »

`Abdallah Ibn Salâm se mit à apprendre les préceptes et les enseignements de l'islam avec une soif et une ferveur extraordinaires. Il se mit à l'étude du Coran dont il apprit tous les secrets et toutes les sciences.

Il devint aussi comme l'ombre du Prophète qu'il ne quittera plus d'une semelle, apprenant de lui tout ce qui concernait les choses de l'au-delà.

L’au-delà, il en devint tellement assoiffé, qu'il en fit une préoccupation permanente qui lui valut la bonne nouvelle du Messager de Dieu .  Qays Ibn Ubâda rapporte, en effet, ce qui suit :


« Un jour, nous étions assis dans la mosquée du Prophète en train d'assister à une séance d'enseignement, lorsqu'un vénérable vieux qui enseignait aux gens se leva et sortit de la mosquée. Certaines personnes assises avec nous dirent alors : "Celui qui veut se réjouir de voir un élu du Paradis, qu'il regarde cet homme." Je leur dis : "Qui est cet homme ? On me répondit : "C'est Abdallah Ibn Salâm.- Je me résolus à le suivre. Arrivé devant sa demeure, je l'interpellai. Il me dit :

– "Que veux-tu, ô fils de mon frère ?"

–Je lui répondis : "J'ai entendu les gens dire à ton sujet que celui qui veut se réjouir de voir un élu du Paradis, qu'il regarde cet homme. C'est pourquoi, je t'ai suivi pour voir ce qui les a amené à dire cela et comment ils ont su que tu es un élu du Paradis."

– "Dieu seul connaît les élus du Paradis, ô mon fils."

– Je répondis : "Certes oui, mais il doit y avoir une raison à ce qu'ils disent."

- Il me dit : "Je vais te raconter la raison. Tandis que j'étais endormi, par une nuit, à l'époque du Messager de Dieu, je vis un homme s'approcher de moi et me dire : Mets-toi debout ! Je lui obéis et me mis debout. Il me prit alors par la main et me montra un chemin sur ma gauche. J'allais m'y engager, lorsqu'il me retint en disant : "Laisse, ce n'est pas ton chemin." Je vis ensuite un autre chemin sur ma droite, plus vaste et plus clair.

Le mystérieux personnage me dit cette fois-ci : "prends ce chemin." Je le pris et marchai jusqu'à ce que j’arrive à un vaste jardin très verdoyant et agréable à voir. Au milieu de ce jardin, il y avait une colonne en fer dont le bas était enraciné dans la terre et le haut s'élevant jusqu'au ciel. À tête de cette colonne, il y avait un anneau en or. Il me dit : "Monte jusqu'à cet anneau." Je répondis : "Je ne peux pas."

Sur ce, un domestique qui accompagnait le mystérieux homme me fit faire l’ascension en un temps record et je me trouvai à la tête de la colonne où je pris l'anneau entre mes deux mains. Je restai dans cette position jusqu'à mon réveil. Le lendemain, à mon réveil, j'allai voir le Messager de Dieu et lui racontai mon rêve.

Il me dit : "Le chemin que tu as vu sur ta gauche, c'est le chemin des gens de la gauche, c'est à dire les habitants de l'Enfer. Le chemin que tu as vu sur ta droite, c'est le chemin des gens de la droite, c'est à dire les habitants du Paradis. Le jardin qui t'a ébloui par sa verdure et sa beauté, c'est le Paradis. La colonne qui se trouve au milieu du jardin, elle, est le fondement de la religion. Quant à l'anneau c'est le lien indissoluble. Tu continueras à y être attaché jusqu'à la mort. " »

Il y restera attaché jusqu'à sa mort. Le Saint Coran a imprimé son souvenir et sa conversion pour l'éternité. Dieu a dit à son sujet :
 

« Un témoin parmi les fils d'Israël en a attesté la conformité (avec la Thora) et y a cru, tandis que vous, vous le repoussez avec orgueil. » [ Sourate 46 – Verset 10 ]
 

Ainsi soit-il.

 

 

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