
«
Il est le premier à entrer dans la mosquée
et le dernier à en sortir. » [
Parole du Prophète Muhammad,
voir Sifat Assafwa et Al-Isâba ]
Rares
sont les hommes qui ont eu autant de points
en commun et de relations solides comme en ont
eu Muhammad, le Messager de Dieu
et Abû Sufyân Ibn AI-Hârith
.
Les
deux sont nés à peu près
à la même date et sont cousins
paternels, puisque Al-Hârith et 'Abdallah,
le père du Prophète ,
étaient les deux fils de 'Abd Al-Muttalib.
Ils étaient aussi frères de lait
puisque, ayant tous deux tété
le lait chez la même nourrice, Halima
As-Sa'diya, comme ils étaient de véritables
amis avant la Révélation.
Après
toutes ces complémentarités entre
les deux hommes, il était tout à
fait normal qu'Abû Sufyân Ibn Al-Hârith
soit le premier et le plus prompt à suivre
le Messager de Dieu
dans
sa mission.
Mais,
son cousin et ami changea subitement d'attitude
à son égard. Son comportement
à son sujet devint hostile, haineux et
belliqueux. Pis encore, il mettait désormais
son habileté en tant que guerrier et
ses dons en poésie au service de ceux
qui combattaient le Messager de Dieu
et
l'islam. C'est ainsi qu'il déclamera
ses vers les plus virulents et les plus vulgaires
pour dénigrer le Messager de Dieu
et
exacerber la haine contre lui.
Pourtant,
ses trois frères Nawfal, Rabota et 'Abdallah
étaient devenus musulmans et avaient
mis toutes leurs potentialités au service
de l'islam. Mais lui, pour des raisons que Dieu
seul connaît, persista dans son comportement
hostile à l'islam jusqu'au jour où
la grâce de Dieu
toucha son coeur.
«
Un jour, dira-t-il plus tard, alors que les
nouvelles de l'arrivée du Messager de
Dieu
devenaient
de plus en plus insistantes, la peur et la panique
s'emparèrent de moi et je ne sus plus
quoi faire, ni où aller. J' appelai alors
mon épouse et mes enfants et leur dis
: " Préparez-vous à quitter
la Mecque car Muhammad et ses compagnons s'apprêtent
à l'investir, et s'ils me trouvent là,
ils me tueront sûrement."
Ils
me répondirent : " N'est-il pas
temps que tu t'aperçoives que les Arabes
et les étrangers se sont tous soumis
à Muhammad
et
ont embrassé sa religion, tandis que
toi qui devait être le premier à
y croire, voilà que tu persistes à
nier sa mission."
Ils
continuèrent ainsi à essayer d'adoucir
mon cœur envers la religion de Muhammad
jusqu'à
ce que Dieu me guide vers l'islam.
Je
donnai alors des ordres à mon serviteur
pour me préparer une monture, je pris
avec moi mon fils Ja'far et nous partîmes
du côté d'Al-Abwâ, entre
la Mecque et Médine, où le Prophète
venait
de faire halte.
Avant
d'arriver devant ce lieu, je me suis déguisé
pour qu'on ne me reconnaisse pas et qu'on ne
me tue pas avant d'arriver devant le Prophète
pour
annoncer ma conversion.
Une
fois à Al-Abwâ, je vis des groupes
de musulmans marchant les uns derrière
les autres en direction de la Mecque. Je me
cachai d'eux et les évitai en utilisant
la ruse jusqu'à ce que je visse l'Envoyé
de Dieu
arriver
avec un groupe de ses compagnons.
J'enlevai
alors mon déguisement et me mis en face
de lui
afin
qu'il me reconnaisse. Il me vit en effet, et
il détourna son visage de moi. Je me
suis mis du côté de son autre profil
et il détourna une nouvelle fois son
visage. À chaque fois que j'essayais
d'attirer son regard, il le détournait
de moi. Les musulmans eurent le même comportement
que le Prophète
et
détournèrent leurs regards de
moi en dépit de mon insistance. Quant
à moi, j'étais décidé
à tout faire pour adoucir le cœur du
Messager de Dieu
à
mon égard. Je le suivis partout où
il allait.
Lorsqu'il
arriva à AI-Juhfa, à quatre lieues
de la Mecque, je me postai devant sa maison
en compagnie de mon fils Ja'far et attendis
ses entrées et sorties. Mais il
continua
à détourner son regard de moi
et à m'ignorer. Je ne me décourageai
point et continuai à le suivre.
Cette
situation dura un certain temps jusqu'à
ce que je sois pris par le désespoir,
je dis à mon épouse :
"
Par Dieu, si le Messager de Dieu ne m'accorde
pas son pardon, je prendrai par la main mon
fils voici et nous irons errer sur la terre
jusqu'à ce que nous mourions de faim
et de soif."
Lorsque
ces paroles lui parvinrent, le Messager de Dieu
fut pris de compassion pour moi. En sortant
de sa demeure, il eut un regard plus doux que
les fois précédentes. Je continuai
toujours à le suivre, espérant
un signe de compassion de sa part.
Et
ce fut le jour de la bataille de Hunan où
les Arabes mobilisèrent la plus grande
armée qu'eut affrontée le Messager
de Dieu
jusque
jusque là.
Je
suivis l'Envoyé de Dieu
et
ses compagnons
en décidant d'effacer
en ce jour béni tout ce que j'avais fait
d'hostile au Messager de Dieu.
Lorsque
la bataille commença et que les païens
prirent l'avantage sur nous, obligeant certains
musulmans à céder à la
débandade, je vis le Messager de Dieu
sur
sa mule, imposant comme une montagne majestueuse,
résistant devant les coups des païens
et se défendant avec bravoure. Aussitôt,
je sautai de mon cheval et cassai mon fourreau,
décidé à mourir avec le
Messager de Dieu .
Je
me battis tant et si bien que le Prophète
demanda
à son oncle Al-'Abbâs , debout à
ses côtés:
«
Qui est celui-là ? » Al-'Abbâs
lui répondit : « C'est ton frère
et ton cousin Abû Sufyân Ibn Al-Hârith.
Sois satisfait de lui ô Messager de Dieu.
» Le Messager de Dieu lui dit alors :
« Je suis satisfait de lui et je lui pardonne
tout ce qu'il m'a fait de mal. »
À
ces mots, je fus saisi d'une grande joie et
je pris ses pieds pour les baiser. Il se tourna
vers moi et me dit :
« Continue à
combattre mon frère. »
Ces
paroles stimulèrent mon ardeur au combat
et je me lançai avec force sur les païens,
suivi en cela par tous les autres musulmans.
Nous leur infligeâmes de sévères
pertes et les dispersâmes dans tous les
côtés.»
Une
fois devenu musulman, Abû Sufyân
Ibn Al-Hârith
ne quittera plus le voisinage
du Messager de Dieu
espérant
compenser, par là, ce qu'il avait perdu
durant de longues années en étant
ennemi du Prophète
et
de l'islam. Sa honte pour ce qu'il avait fait
avant sa conversion était telle qu'il
évitait de regarder le Messager en face
.
Il était tout le temps en train de lire
le Saint Coran ou de s'adonner à la prière.
Un
jour, le Messager de Dieu le
vit sortir de la mosquée. Il dit à
Aïsha
qui était avec lui :
«
Ô Aisha, sais-tu qui est cet homme ? »
Elle répondit : « Non, ô
Messager de Dieu. » Il lui dit : «
C'est mon cousin Abû Sufyân Ibn
AI-Hârith. Il vient toujours le premier
à la mosquée et en sort le dernier...
»
Après
la mort du Messager de Dieu ,
Abû Sufyân
le pleura pendant longtemps
et composa de beaux vers en son honneur. Sous
le califat de 'Umar , on le vit creuser une tombe
au cimetière d'AI-Baqî'.
Interrogé
sur la signification de ce geste, il répondit
qu’il
préparait sa propre tombe.
En
effet, 3 jours après il était
agonisant. A ses proches qui pleuraient, il
dit :
«
Ne me pleurez pas car, par Dieu, depuis ma conversion
à l’islam, je n’ai commis aucun péché
… »
Son
âme légère s’envola alors
vers la miséricorde de son Seigneur .
‘Umar
dirigea la prière des morts sur sa dépouille
et tous les musulmans pleurèrent sa disparition
tant il était estimé.

Cliquez
ici pour revenir à l'accueil
Cliquez
ici pour fermer la fenêtre
|