
«
Celui qui entre dans la maison de Hakîm
Ibn Hâzam sera en sécurité.
»
[ Parole du Prophète Muhammad, rapportée
par Bukhârî d'après 'Uruwa,
de même que par Tabarânî et
Bayhaqî.]
Hakîm
Ibn Hâzam
est le seul homme, parmi tous
les Arabes, à être né à
l'intérieur même de la Ka'ba. On
rapporte, en effet, que sa mère, alors
enceinte, entra un jour au sein du temple sacré,
avec d'autres femmes, pour une visite pieuse.
Là, les premières douleurs se
manifestèrent. Aidée par les autres
femmes, elle accoucha d'un joli bébé
que son père prénomma Hakîm.
Son père Hâzam était le
frère de Khadîja Bint Khuwaylid
,
l'épouse du Messager de Dieu
et la mère
des croyants.
Il
était donc issu d'une
grande et noble famille de la Mecque connue
pour son aisance et sa respectabilité.
À
l'âge adulte, Hakim
prit la place qui
convenait à la noblesse et à la
générosité de sa famille
au sein de la société qurayshite.
C'est ainsi qu'on lui confia la tâche
d'aider les pèlerins sans ressources
qui venaient accomplir les rites du pèlerinage.
La générosité de Hakîm
et de sa famille était telle, que celui-ci
puisait dans ses propres biens pour venir en
aide aux pèlerins nécessiteux.
Un homme de cette valeur ne pouvait que jouir
de la sympathie et du respect du Messager de
Dieu . Celui-ci n'avait pas encore reçu
la Révélation, mais ses qualités
morales et spirituelles étaient telles
qu'il était normal qu'il apprécie
la grandeur d'âme et la générosité
où qu'elles soient.
On
rapporte, en effet, que Muhammad et Hakim
étaient
deux amis intimes qui s'estimaient mutuellement.
Bien que Hakîm
était un peu plus
âgé que Muhammad
de cinq ans, ceci
ne les empêchaient pas d'avoir l'un pour
l'autre des sentiments de respect et d'amitié.
Ces relations furent consolidées par
le mariage de Muhammad
avec Khadîja la tante de Hakim
Ibn Hâzam.
Or,
en dépit de tous ces rapports cordiaux
entre les deux hommes, Hakîm Ibn Hâzam
n'ajouta pas foi à la Révélation
faite à Muhammad
et, pire encore, il
l'accueillit avec un violent rejet et une vive
hostilité.
Ce n'est qu'à la conquête
de la Mecque que Hakim
embrassa l'islam. Lui-même
s'étonnera de ce retard et se le reprochera
durant toute sa vie. Un jour, son fils le trouva
en train de pleurer et lui en demanda les raisons.
Il
lui répondit :
« Je pleure pour
plusieurs raisons, ô mon fils. D'abord,
ma tardive conversion à l'islam qui m'a
fait rater beaucoup de bonnes actions et que
je ne pourrai plus rattraper pour tout l'or
du monde. Ensuite, après que Dieu m'ait
épargné à Badr et à
Uhud, j'ai décidé de ne plus soutenir
Quraysh contre le Messager de Dieu , mais j'ai
fini par leur venir en aide malgré moi.
Enfin, à chaque fois que j'étais
attiré par l'islam, je voyais les anciens
et les dignitaires de Quraysh attachés
à leur croyance païenne et je me
conformais à leur exemple. C'est le mimétisme
aveugle vis-à-vis de nos parents qui
nous ont égarés. Et comment veux-tu
que je ne pleure pas ô mon fils ? »
Il
faut dire que le Messager de Dieu
était
tout aussi étonné de cette attitude
négative que Hakim lui-même. Connaissant
les qualités innées de son ancien
ami, le Prophète
espérait, au
fond de lui-même, que celui-ci se convertisse
et mette au service de l'islam sa générosité,
sa bravoure et son intelligence.
Avant
la conquête de la Mecque, il aurait dit
à ses compagnons « Il y a à
la Mecque quatre personnes à qui je ne
souhaite pas le polythéisme et que je
préfère voir embrasser l'islam.
Ce sont : 'Attâb Ibn Usayd, Jubayr Ibn
Mut`im, Hakim Ibn Hâzam et Suhayl Ibn
`Amr... »
Les
quatre personnes citées embrasseront
l'islam grâce à la faveur divine.
En rentrant à la Mecque, le Messager
de Dieu
fit proclamer par un de ses compagnons
les décisions suivantes :
« Celui
qui proclame qu'il n'y a de dieu que Dieu et
que Muhammad est son Envoyé sera en sécurité
! Celui qui prend place devant la Ka'ba en déposant
ses armes sera en sécurité ! Celui
qui se réfugie dans sa demeure et ferme
sa porte sera en sécurité ! Celui
qui se réfugie dans la demeure d'Abû
Sufyân sera en sécurité
! Celui qui se réfugie dans la demeure
de Hakim Ibn Hâzam sera en sécurité
! »
Il
faut préciser que la demeure d'Abû
Sufyân était en haut de la Mecque
et celle de Hakim Ibn Hâzam en bas.
Après
sa conversion à l'islam, Hakîm
Ibn Hâzam fit tout ce qu'il était
capable de faire pour compenser son retard et
rattraper le temps perdu... On rapporte, en
effet, qu'il vendit un jour la célèbre
Dar An-Nadwa, la fameuse maison où les
qurayshites se rassemblaient pour débattre
de leurs affaires et dont il hérita.
C'était comme s'il voulait tirer un trait
sur son passé. Il vendit la maison pour
cent mille dirhams. Un des jeunes qurayshites
lui dit : « Tu as vendu ce qui était
la vertu de Quraysh, ô oncle ! »
Hakîm
lui répondit : « Toutes les vertus
sont parties ô mon fils, et il ne reste
que la crainte de Dieu. Je n'ai vendu cette
maison que pour en acheter une autre au Paradis.
Je vous tiens témoins, en effet, que
je mets son argent au service de Dieu. »
Il multiplia ainsi les oeuvres de bienfaisance
dans l'espoir de se racheter de ses actes passés.
À l'occasion d'un pèlerinage,
il sacrifia plus de cent chamelles et distribua
la viande aux nécessiteux. Lors d'un
autre pèlerinage, il ramena avec lui
cent de ses esclaves et annonça solennellement
qu'il les affranchissait pour l'amour de Dieu.
Une autre fois, ce furent mille brebis qu'il
sacrifia au profit des pauvres et des nécessiteux.
Cet homme noble et illustre avait beaucoup appris
du Messager de Dieu et il retiendra ses
leçons durant toute sa vie.
Après
la bataille de Hunayn, le Messager de Dieu
lui
donna un certain nombre de chameaux comme part
du butin. Il en redemanda encore et le Messager
lui en rajouta jusqu'à ce qu'il ait,
à lui seul, cent chameaux. Puis le Messager
de Dieu
s'adressa à Hakim (dont la conversion
à l'islam était récente)
:
« O Hakim, les biens de ce monde sont
une source de joie et de tentation. Celui qui
en prend avec modération et satisfaction,
Dieu lui bénira ses biens. Quant à
celui qui en prend avec avidité, Dieu
ne lui accordera pas Ses bénédictions
et il sera comme celui qui mange et qui n'apaise
jamais sa faim. Et sache que la main qui donne
vaut mieux que la main qui demande. »
En
écoutant ces paroles, Hakîm dira
au Messager de Dieu :
«
Ô Messager de Dieu, par Celui qui t'a
envoyé avec la vérité,
je ne demanderai plus rien à personne
après toi ! Et je n'accepterai plus rien
de personne jusqu'à ma mort ! »
Notre illustre compagnon tiendra sa parole jusqu'au
bout.
Sous
le califat d'Abû Bakr , il fut appelé
plusieurs fois pour recevoir sa part du trésor
public, mais il refusa à chaque fois
de la prendre. Avec le Calife 'Umar, ce fut
la même chose. Il l'invita à plusieurs
reprises à prendre son dû mais
en vain. 'Umar
finit par proclamer alors devant
les musulmans :
« Ô musulmans ! Je vous
tiens à témoins que j'invite Hakîm
à prendre son dû mais il refuse.
»
Hakîm
continuera à vivre ainsi, fidèle
à sa parole, jusqu'à ce qu'il
quitte ce bas monde.

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