
La
seconde fois où les Ansar prêtaient allégeance
au Prophète
à al-Aqaba,
il y avait parmi eux Mouâdh ibn Jabal. Un jeune
homme calme, au visage rayonnant, au regard
charmant. C'était un
Ansarite de la première heure. Mais, le trait
qui le caractérisait le plus était sa science religieuse si
vaste, à tel point que le Messager avait dit de lui
: "De ma communauté, Mouâdh ibn Jabal est le plus
connaissant du licite et de l'interdit."
En outre, il était doté d'une
intelligence perspicace.
Quand le
Messager le chargea d'une mission au Yémen,
il lui dit : "O
Mouâdh, avec quoi lu vas prononcer les jugements
? — Avec le
Livre de Dieu, dit Mouâdh
— Et si tu ne trouves pas dans le
Livre de Dieu
(avec quoi juger)... ? — Je juge
avec la Sunna de son
Messager. — Et si tu n'en trouves pas dans la Sunna de son
Messager ? — Je fais effort avec mon avis."
Son allégeance au Livre de Dieu,
ainsi qu'à la Sunna du Prophète , ne le désarmait nullement de l'initiative de son esprit
raisonnable, ne lui voilait pas les innombrables faits dissimulés qui
n'attendaient que leur mise en lumière.
De plus, les
témoignages à son sujet le disent doté d'un bon sens
infaillible. Ibn Abdallah raconte qu'il s'était trouvé dans la
mosquée, au début du khalifat d'Omar
: "J'ai assisté, disait-il, à une
réunion de plus d'une trentaine. Tous citaient des hadiths
du Messager . Dans le groupe, il y avait un jeune homme
rayonnant, à la voix attrayante. Il était le plus jeune. Quand ses
compagnons doutaient d'une chose sur un hadith,
ils le consultaient.
Alors, ce jeune leur donnait son avis. Et puis, je me suis rapproché de
lui et je lui ai demandé qui il était. Il m'a répondu
: "Je suis Mouâdh
ibn Jabal."
Quant à Chahr
ibn Haouchab, il avait dit
: "Quand les compagnons du Messager citaient des hadiths en présence de
Mouâdh ibn Jabal, ils le regardaient avec une crainte respectueuse."
Mouâdh obtint ce savoir si
considérable dans sa jeunesse.
D'ailleurs, il ne vécut pas longtemps, puisqu'il mourut à l'âge de 33
ans durant le règne d'Omar ibn al-Khattab
.
Mouâdh
était
généreux. Quand on lui demandait une chose, il
la donnait de tout coeur. Sa générosité était telle qu'il était resté sans
fortune. A la mort
du Prophète , il revint du Yémen où il
enseignait l'Islam aux musulmans.
Puis, il émigra en
Syrie où il s'occupa également de l'enseignement religieux. Mais, à
la mort de l'Emir du pays : son ami Abou Oubayda,
qu'il remplaça à la tête de l'émirat, après avoir été nommé
par le khalife Omar . Il ne passa pourtant que
quelques mois à ce poste, puisqu'il fut rappelé à Dieu.
Plus tard, Omar
dit sur le lit de
mort : "Si Mouâdh ibn Jabal était vivant, je l'aurais désigné à ma succession. Et, quand je me
présenterai devant Dieu et qu'il me demandera : "Qui as-tu désigné
au commandement de la communauté de Mohammad
? " - je dirai
: " J'ai
désigné Mouâdh ibn Jabal. C'est que j'avais
entendu le Prophète
dire : "Le Jour de la résurrection, Mouâdh ibn
Jabal sera l'imam (le dirigeant) des savants."
Un
matin, le Messager rencontra Mouâdh
: "Comment t'es-tu réveillé ce matin, Mouâdh
? dit le Messager
. " Je me suis réveillé
croyant Messager de Dieu"
dit Mouâdh.

"Chaque droit a une vérité. Quelle est donc la vérité de ta foi
? — A chaque matin que je réveille,
je pense que je n'arriverai pas vivant au soir; et à chaque soir
je pense que je ne me réveillerai pas vivant le matin suivant. A
chaque pas que je fais, je pense que je ne ferai pas un autre. De
plus, j'ai toujours à l'esprit que toute communauté sera convoquée
suivant son Livre, j'ai à l'esprit que les habitant du Jardin iront au
jardin, pour jouir des bienfaits, et que les
habitants du Feu iront au
Feu, pour être châtiés. — Puisque tu as accédé à cette connaissance,
applique-toi à faire cela, conclut le Messager ".
Oui, Mouâdh
s'était bien soumis à
Allah . D'ailleurs, Ibn Masoud
avait dit de lui : "Nous comparions Mouâdh au (prophète) Ibrahim
".
Il invoquait Allah
en permanence et
il appelait les gens à rechercher le vrai savoir, celui qui est bénéfique.
Il disait
: "Prenez garde de la déviation du sage; il faut que vous connaissiez le vrai par
le vrai, car le vrai est lumière.”
Les rites d'adoration, pensait-il,
sont un objectif ainsi qu'une
équité. Un jour, un musulman lui dit
: "Apprends-moi." Mouâdh
l'interrogea d'abord : "Si je t'apprends, est-ce que tu m'obéis
?" Comme l'homme répondit affirmativement, Mouâdh lui dit
: "Jeûne et déjeune; fais des prières (surérogatoires)
et dors; recherche les actions et ne commets pas de mauvaises, ne meurs qu'en état de
soumis à Dieu et prends garde de l'invocation de l'opprimé (contre
toi)
!"
Quant au savoir, il le voyait indissociable
de l'action il disait : " Apprenez du savoir ce que vous voulez. Dieu ne vous donnera
de bienfait avec ce savoir que lorsque vous passez à l'action."
Muâdh resta en Palestine jusqu’à ce
qu’il fut atteint de la peste. A l’article de la mort, il se mit à dire :
"Ô
mort ! Sois la bienvenue ! Tel un visiteur qui vient après une longue absence et
un être cher qui arrive après un profond désir".
Il se mit à regarder la voûte
céleste, puis dit :
"Mon Seigneur ! Tu sais parfaitement que je n’ai jamais aimé
l’ici-bas ou désiré la longévité pour y planter des arbres ou y faire couler des
fleuves, mais plutôt pour accomplir le jeûne pendant les journées les plus
torrides, passer les nuits à faire des dévotions et me presser autour des
savants qui tiennent les cercles du Dhikr. Recueille mon âme comme tu recueilles
les âmes croyantes".
Puis, il rendit le dernier soupir, qu’Allah
lui accorde Sa
miséricorde.

Cliquez
ici pour revenir à l'accueil
Cliquez
ici pour fermer la fenêtre
|