« Tu n'as aucune autorité sur 'Ubâda, car il est maître de lui-même ! »

 

C'était un des chefs respectés des Ansârs, les partisans médinois qui avaient prêté serment d'allégeance au Messager de Dieu   lors de la première et seconde rencontre d'Al-'Aqaba.

Sa conversion à l'islam était donc très précoce. C'est pourquoi le Messager de Dieu   avait fait un des doyens de son clan, vu son rang au sein des Ansârs et son engagement. Il respecta cet engagement jusqu'à la fin de ses jours sans se laisser attirer ou influencer par quiconque.

En effet, on rapporte que le clan de 'Ubâda   était lié par un pacte d'entraide mutuelle à la fameuse tribu juive de Banû Qaynuqa'. Or, depuis la venue du Prophète   et de ses compagnons à Médine, cette tribu ne cessa de comploter contre eux en tentant de semer la discorde entre les Ansârs et leurs frères, les muhâjirin.

En apprenant cette duplicité, 'Ubâda   se démarqua de ses auteurs et dénonça leurs agissements en leur disant : « Je ne prendrai comme allié que Dieu, Son Messager et les croyants. » Cette noble attitude lui valut d'être loué par le Coran dans un de ses versets :

« Et quiconque prend pour alliés Dieu, Son Messager et les croyants réussira car c'est le parti de Dieu qui sera victorieux. » [ Sourate 5 – Verset 56 ]
 

 Le Saint Coran a codifié ainsi la conduite, plus qu'honorable, de cet illustre homme d'honneur qui est resté fidèle au serment prêté au Messager de Dieu  . Ce serment ne stipulait-il pas que les Ansârs devaient défendre le Messager de Dieu comme ils défendraient leurs propres enfants ? C'est ce que fera 'Ubâda  durant toute sa vie. Il ne ratera aucune bataille dans laquelle se jouera le destin de l'islam et, lorsque la vie du Messager de Dieu  se trouvait en danger, il était toujours là pour parer à ce danger.

 

Cependant, c'est dans la science qu'il excellait le plus. En effet, il était l'un des cinq Ansârs qui étaient chargés de l'assemblage du Saint Coran du vivant du Prophète  . Son savoir et son intelligence lui avaient valu d'être envoyé par les califes du Messager de Dieu pour transmettre l'islam aux peuples nouvellement convertis. Il avait choisi cette noble mission après avoir refusé toutes les propositions de prendre des responsabilités. Il craignait les tentations du pouvoir.

Sa vocation était d'oeuvrer à défendre l'islam et à faire connaître ses préceptes dans toutes les contrées de la terre. Il se surpassait et rares sont ceux qui pouvaient rivaliser avec lui. C'est ainsi que lorsque 'Amr Ibn Al-`Âs éprouva des difficultés à conquérir l'Égypte, il envoya un message au Calife `Umar   pour lui demander des renforts. 'Umar lui envoya quatre mille hommes avec la réponse suivante :

« Je t'envoie quatre mille hommes, avec à la tête de chaque mille hommes, un homme qui vaut à lui seul mille hommes : ce sont Az-Zubayr Ibn Al-`Awwâm, AI-Miqdâd Ibn Al-Aswâd, 'Ubâda Ibn As-Sâmit et Maslama ibn Mukhâlid. »

Sous le Califat de 'Umar, 'Ubâda Ibn As-Sâmit  fut envoyé en Syrie en compagnie de Mu`âdh Ibn Jabal et d’Abû Ad-Dardâ   avec pour mission d'enseigner les préceptes de l'islam aux peuples nouvellement convertis. 'Ubâda sillonna la Syrie, la Palestine et d'autres pays acquis à l'islam, transmettant la science de l'islam.

Sa formation à l'école du Prophète   et sa vie passée aux côtés des compagnons les plus illustres lui avaient fait abhorrer les injustices et les abus du pouvoir. Ne disait-il pas lui-même :
 

« Nous avons prêté serment de fidélité au Messager de Dieu  de ne pas craindre le blâme de celui qui blâme pour la cause de Dieu. »
 

Il dénoncera alors les attitudes et les comportements qu'il verra en contradiction avec les préceptes de l'islam dussent-ils émaner de gouverneurs aussi puissants que Mu`âwiya. C'est ainsi qu'il s'opposa plusieurs fois à Mu'âwiya en dénonçant ses erreurs et en le rappelant à l'ordre sans craindre qui que ce soit.

La discorde entre les deux hommes devint telle que 'Ubâda  , s'adressant à Mu`âwiya, lui dit : « Par Dieu, je ne m'établirai jamais là où tu seras établi ! » Et il regagna Médine avec la conscience du devoir accompli. Or, en apprenant les raisons de son retour à Médine, 'Umar appela 'Ubâda   et, après avoir longuement discuté avec lui, finit par lui dire : « Retourne là où tu étais et que Dieu maudisse une terre où il n'y a pas tes semblables ! » `Umar dépêcha ensuite un émissaire à Mu`âwiya avec le message suivant : « Tu n'as aucune autorité sur 'Ubâda car il est maître de lui-même. » 'Umar, qui savait apprécier les hommes, jugeait 'Ubâda   à sa juste valeur.

Autant la vie de 'Ubâda   fut grandiose par sa foi et sa piété autant sa fin fut émouvante et magnifique par sa sagesse et sa certitude devant la mort. En effet, lorsqu'il sentit sa fin approcher, il appela ses proches, ses voisins et ses domestiques, et leur dit :

« Je sens que ce jour-là est mon dernier jour en ce bas monde et que cette nuit sera la première que je passerai dans l'Au-delà. Il se peut que, par le passé, j'ai pu faire du tort à quelqu'un d'entre vous avec ma main ou avec ma langue. Alors, qu'il prenne sa revanche maintenant avant que mon âme ne me quitte car par Celui qui tient
mon âme dans Ses mains, le jour de la Résurrection, chaque âme rendra compte de ses actes ! »

 -« Au contraire, tu étais un bon père et un homme correct. »

- « Est-ce à dire que vous me pardonnez les torts que j'aurais faits ? »

 -« Oui, répondirent-ils. »masjidd.jpg


Il dit alors :
« Ô Dieu, sois témoin ! » Il ajouta ensuite : « Voici mes dernières volontés : je serai mécontent envers celui d'entre vous qui pleurera sur moi. Lorsque mon âme me quittera, faites vos ablutions et entrez dans les mosquées où vous prierez pour moi et pour vous-mêmes... »

 Cet illustre compagnon rendit l'âme à Ramba, en Palestine, en l'an trente-quatre de l'Hégire. Il tint jusqu'à son terme le serment prêté au Messager de Dieu   le jour de 'Aqaba. Que Dieu   soit satisfait de lui !

 

 

 

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