« Que Dieu fasse miséricorde à Zayd ! Il m'a devancé sur deux choses précieuses :
il s'est converti à l'islam avant moi et il est mort en martyr avant moi ! »

 Parole de 'Umar Ibn AI-Khattâb, le frère de Zayd.

 

 Il était le frère aimé de 'Umar Ibn Al-Khattâb  . Certes, il n'avait pas sa renommée et son aura, mais sa foi et son engagement pour l'islam n'étaient pas des moindres. Sa discrétion et son effacement ont occulté d'une certaine façon son rôle ô combien important dans l'histoire de l'islam.

Il suffit de rappeler que notre pieux Zayd   est venu à l'islam avant son frère 'Umar et qu'il est mort en martyr le jour d'Al-Yamâma pour montrer à quel point son rôle fut important dans les débuts et dans la consolidation du message.


'Umar   avait beaucoup d'affection pour son frère aimé. À chaque fois que son souvenir lui revenait, il avait les larmes aux yeux. Il répétait souvent :
« Chaque fois que la brise se lève, j'y sens le parfum de Zayd. »

 

Zayd   joua un grand rôle dans l'histoire de l'islam en mettant fin à la triste aventure d'un de ses ennemis les plus acharnés. Il s'agissait, en fait, d'un homme qui avait embrassé l'islam puis, à la mort du Messager de Dieu , voyant la puissance prise par Musaylima l'imposteur et les tribus qui l'avaient suivi, abjura et rejoignit les partisans de Musaylima à Al-Yamâma.

Cet homme s'appelait Ar-Rajjâl Ibn 'Ufwa. Son destin peu glorieux fut annoncé par le Prophète   à ses compagnons bien auparavant.

En effet, un jour où il était en compagnie de quelques compagnons, le Messager de Dieu   garda le silence un moment puis dit à ces derniers :

« Il y a parmi vous un homme dont la dent en Enfer sera plus grande que la montagne de Uhud. »

 

Cette prédiction jeta l'effroi dans le cœur des présents à l'idée d'être celui que l'Envoyé de Dieu avait décrit. Chacun redoutait d'être celui à qui était prédit un si funeste sort. Or, la plupart de ceux qui étaient présents ce jour-là, moururent de la plus glorieuse des morts : celle du martyr.

Et n'en resta que deux vivants : Abû Hurayra et Ar-Rajj âl Ibn 'Ufwa. Abû Hurayra   redouta longtemps d'être le destinataire de cette terrible prédiction. Il ne fut libéré et soulagé que lorsque l'homme à qui cette prédiction était destinée se démasqua. Il s'agissait, comme nous l'avons vu d'Al-Rajjâl Ibn 'Ufwa qui apostasia et devint un partisan de Musaylima l'imposteur.

Cet homme au destin malheureux était venu un jour à Médine annoncer sa conversion et prêter allégeance au Messager. Il retourna ensuite chez son peuple et ne revint à Médine qu'après la mort de l'Envoyé de Dieu   et la désignation d'Abû Bakr comme calife. Il alla voir ce dernier et lui raconta que les habitants d'Al-Yamâma s'étaient ligués avec Musaylima contre l'islam.

Il lui proposa alors de le nommer comme son délégué afin qu'il puisse tenter de les dissuader de suivre Musaylima. Abû Bakr   accepta et Ar-Rajjâl prit le chemin d'Al-Yamâma où Musaylima l'imposteur avait établi ses quartiers. Or, en voyant le nombre considérable de gens qui avaient suivi Musaylima, Ar-Rajjâl pensa tout de suite à se mettre au service des plus nombreux, qu'il croyait être les plus forts. 

C'est ainsi qu'il abandonna l'islam et embrassa la cause de Musaylima, qui lui donna une place privilégiée dans ses rangs.
Cet homme vendit sa foi et son salut pour un vil prix. Usant de mensonges et se prévalant de sa qualité de « musulman » ayant connu le Prophète et appris certains versets du Coran, il trompa les gens qui avaient suivi Musaylima en leur disant avoir entendu le Prophète dire   qu'il avait octroyé à Musaylima une part de sa prophétie.
 

Il leur ajouta qu'après la mort du Messager de Dieu  , Musaylima avait le droit de proclamer sa prophétie. Ses propos et la qualité de leur auteur finirent par convaincre les personnes les plus hésitantes.

Le nombre de partisans de Musaylima augmenta considérablement jusqu'à constituer une véritable armée. Pendant ce temps, les musulmans que les nouvelles de la trahison d'Ar-Rajjâl avaient indignés et révoltés, se préparaient à affronter Musaylima et ses partisans.

Chacun d'entre eux voulait châtier le traître qui avait renié sa foi et rejoint l'ennemi pour des privilèges purement matériels. Le plus décidé était, bien sûr, notre compagnon Zayd Ibn AI-Khattâb  . Cet homme admirable haïssait la trahison et l'hypocrisie.

Son sens de l'honneur lui faisait abhorrer toutes les formes d'opportunisme et de duplicité. Il ne cherchait aucun mérite ni aucune récompense. C'était un homme de principes qui voulait aller jusqu'au bout de ses convictions.

Le jour de la bataille de Uhud, son frère 'Umar   le vit perdre son bouclier au cours de l'engagement avec l'ennemi. Craignant pour la vie de son frère, il lui cria : « Prends mon bouclier, ô Zayd ! » Zayd   lui répondit : « Je cherche le martyr comme tu le cherches, ô 'Umar ! » Et il continua la lutte avec autant de bravoure et d'enthousiasme.

Lorsque le jour crucial d'Al-Yamâma arriva, Zayd   n'avait qu'une idée en tête : débarrasser les musulmans de celui qui incarnait à ses yeux le mensonge, la trahison et l'hypocrisie : Ar-Rajjâl Ibn 'Ufwa.

Le début de la bataille fut défavorable aux musulmans qui subirent beaucoup de pertes face aux assauts des partisans de Musaylima. De nombreux compagnons, parmi eux ceux qui avaient appris par coeur le Coran -huffâz- , tombèrent en martyr. Zayd  , à qui Khâlid Ibn Al-Walîd   avait confié l'étendard, tenta de rassembler les défenseurs de l'islam et de les stimuler au combat. 

Il monta sur une colline et se mit à haranguer les compagnons en leur disant:
«Ô hommes ! Serrez vos dents, ruez-vous sur vos ennemis et allez de l'avant.Par Dieu, je ne parlerai que lorsque Dieu nous donnera la victoire. »  

Joignant le geste à la parole, il descendit de la colline et s'élança sur l'ennemi sans laisser un seul mot sortir de sa bouche. Luttant avec acharnement pour stimuler ses frères au combat. Son attention était focalisée sur celui qu'il pensait être l'éminence grise et le conseiller de Musaylima, Ar-Rajjâl Ibn 'Ufwa.

Il n'avait de cesse de débarrasser les musulmans d'un tel fauteur de troubles. Il le suivit pas à pas sur le champ de bataille jusqu'à ce qu'il fût en face de lui. Sans plus attendre, il lui asséna plusieurs coups d'épée et mit fin à sa triste carrière.

La mort d'Al-Rajjâl sonna évidemment le glas des armées de Musaylima qui se trouvèrent à la merci du doute et de la panique après avoir cru à la victoire inéluctable, comme le leur avait inspiré Musaylima, soutenu par Ar-Rajjâl.

Ce dernier n'avait-il pas promis aux partisans de Musaylima la victoire et les honneurs avec leur « prophète » qui, comme Muhammad  , avait sa part de la Révélation. Maintenant qu'il était mort, les partisans de Musaylima prirent conscience de la vanité de telles paroles.

La mort de Musaylima acheva de briser les espoirs d'une victoire militaire, et le rêve d'une nouvelle religion promise par l'imposteur et ses funestes conseillers. Ar-Rajjâl, Musaylima, Al-Muhâkkam Ibn At-Tufal et leurs semblables gisaient sur le champ de bataille.

Ce qui resta de leur armée combattit encore un peu puis se dispersa en proie à la panique et à la déroute. Zayd  , le valeureux Zayd  , exultait. Il venait de débarrasser l'islam d'un de ses plus grands ennemis.

 

« Il est parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Dieu. Certains ont atteint leur fin, et d'autres attendent encore ; et ils n'ont varié aucunement dans leur engagement. »               [ Sourate 33 - Verset 23]

 

Zayd était de ces hommes-là.

 

 

 

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