
«
Ô Zayd, tu es un homme sage et personne
ne peut te reprocher quoi que ce soit ! » [
Parole d’ Abû Bakr demandant à
Zayd de compiler le Coran.]
On
était en l'an II de l'Hégire. Le
Messager de Dieu et ses compagnons s'apprêtaient
à affronter l'armée de Quraysh
à Badr.
Tous
les hommes valides
commençaient à affluer chez le
Messager de Dieu pour lui affirmer leur disponibilité
à combattre.
L'Envoyé
de Dieu était en train de passer en revue
la première armée de l'islam,
lorsqu'un jeune garçon qui ne dépassait
pas les treize ans vint vers lui, avec un air
décidé et enthousiaste qui tranchait
avec son âge juvénile.
Une
fois devant le Messager de Dieu ,
le jeune garçon s'adressa à lui
en ces termes :
« Ô Envoyé
de Dieu, donnes-moi la permission de combattre,
à tes côtés, les ennemis
de Dieu. »
Le
Prophète sourit à la vue de cet
adolescent qui se donnait des airs d'adulte
pour pouvoir participer à la guerre.
Avec
une tendresse paternelle, il lui rappelait que
son jeune âge ne lui permettait pas de
porter les armes. Le jeune garçon qui
répondait au nom de Zayd Ibn Thâbit
retourna chez lui en pleurant, déçu
de ne pouvoir accompagner le Prophète
et ses compagnons dans leur bataille contre
les païens.
Il
revint, plus tard, accompagné cette fois-ci
de sa mère dans l'espoir que celle-ci
intercède en sa faveur auprès
du Messager de Dieu .
Celle-ci
voulait, en effet, voir son fils honorer sa
famille par sa participation avec les compagnons
du Prophète.
Mais
l'Envoyé de Dieu ne pouvait accepter
que des adolescents aillent combattre une armée
composée de soldats adultes et aguerris.
Toutefois,
il promit à la mère de Zayd de
prendre celui-ci avec lui lors d'une prochaine
expédition. Mais
le jeune Zayd était décidé
à être parmi les personnes proches
du Messager de Dieu.
À
défaut de participer aux batailles à
ses côtés, il trouva une autre
astuce. Il alla trouver sa mère et lui
suggéra d'aller trouver le Prophète
et
de lui proposer de le prendre comme élève
étant entendu qu'il savait lire et écrire
et qu'il mémorisait plusieurs versets
du Coran. Sa
mère accepta cette proposition avec joie
et alla trouver des hommes de son clan qu'elle
chargea de voir le Messager de Dieu pour intercéder
en faveur de son enfant.
Ces
derniers firent part au Prophète du souhait
du jeune garçon en lui rappelant ses
qualités et ses prédispositions
et, pour lui donner des preuves de ce qu'ils
avançaient, ils emmenèrent avec
lui l'enfant pour une démonstration. En
effet, celui-ci était un vrai enfant
prodige en matière de récitation
du Saint Coran. Le
Messager de Dieu fut subjugué par sa
belle voix et par le sérieux et la sincérité
qu'il mettait dans sa récitation.En
plus, sa connaissance de l'écriture était
un atout en sa faveur.
L'Envoyé
de Dieu vit en ce jeune garçon doué,
un futur savant et érudit qui apportera
beaucoup à l'islam.
Il
commença par lui recommander d'apprendre
l'hébreu pour lui rédiger ses
correspondances avec les juifs. Zayd
s'y mit aussitôt et, en si peu de temps,
il put assimiler la langue juive suffisamment
pour lire et écrire les lettres du Prophète.
Il
apprit aussi l'assyrien, montrant ainsi des
signes évidents d'intelligence. Voyant
cela, le Messager de Dieu le chargea d'une fonction
encore plus grande : faire fonction de scribe
en mettant par écrit les versets révélés
au gré des événements et
des circonstances.
C'est
ainsi que le jeune Zayd entra au service du
Prophète en tant que scribe avec un groupe
de compagnons parmi lesquels il y avait 'Ali
Ibn Abî Tâlib, Ubay Ibn Ka`b, 'Abdallah
Ibn Mas'ûd, 'Abdallah Ibn 'Abbâs
et d'autres . Ce
groupe mémorisait les versets du Saint
Coran et les mettaient par écrit sous
la dictée du Messager de Dieu.
On
les appelait les secrétaires de la Révélation.
À chaque fois qu'un verset était
révélé, le Prophète
les appelait et le leur dictait, et eux le mettaient
par écrit sur des parchemins, des peaux
de chèvres ou des omoplates de chameaux.
C'est
grâce à eux donc que le Saint Coran
fut transcrit et mis par écrit de la
façon dont il nous est parvenu aujourd'hui. Mais
le mérite de Zayd Ibn Thâbit est
plus grand encore en ce domaine.
En
effet, après la mort du Messager , le
premier calife Abû Bakr entrevit avec
tristesse et appréhension de nombreux
huffâz – ceux qui apprennent par cœur
le coran- tomber dans les batailles livrées
par les musulmans contre les apostats.
C'est
alors que l'idée de compiler le Saint
Coran et d'assembler ses versets en un seul
volume germa dans sa tête, surtout après
que 'Umar lui eut exprimé la nécessité
impérieuse d'une telle tâche.
On
fit donc appel à l'homme qui seul était
en mesure d'accomplir une telle mission. Il
s'agit, bien sûr, de Zayd Ibn Thâbit,
l'illustre compagnon à qui le Messager
de Dieu avait accordé le privilège
de mettre par écrit, sous sa dictée,
la parole de Dieu.
Abû
Bakr le convoqua et lui dit :
« Ô
Zayd, tu es un homme sage et personne ne peut
te reprocher quoi que ce soit. »
Et
il lui proposa de prendre en charge l'opération
de compilation du Saint Coran en lui expliquant
la nécessité de procéder
à un tel travail. Abû
Bakr lui recommanda de se faire seconder par
tous ceux qui pouvaient lui être utiles
en ce domaine.
Et
notre pieux compagnon commença son travail
en rassemblant les fragments du Saint Coran
dispersés chez les compagnons , en recueillant
aussi de la bouche de ces derniers les versets
et les sourates, en les comparant et en les
confrontant jusqu'à en faire un livre
bien compilé et bien agencé, renfermant
toute la révélation telle que
descendue sur le Messager de Dieu . Plus tard,
il dira : « Par Dieu, s'ils m'avaient
chargé de déplacer une montagne
de sa place, cela m'aurait été
moins pénible que de compiler le Saint
Coran. »
Plus
tard, sous le califat de 'Uthmân , c'est
à lui également qu'on fit appel
pour un autre travail plus important encore,
puisqu'il consistait à uniformiser et
à unifier le Saint Coran.
En
effet, après la compilation du Coran,
plusieurs copies en furent faites, que des compagnons
conservèrent chez eux.
Bien
que les différences entre les copies
somme toutes formelles, il n'en demeure pas moins
que la nécessité s'imposa aux
musulmans d'avoir une seule copie qui ferait
le consensus entre tous les musulmans.
La
nécessité devenait d'autant plus
impérieuse que la multiplicité
des variantes du Coran risquait de diviser la
communauté au moment où l'islam
faisait des conquêtes stupéfiantes
et gagnait à sa cause des milliers de
nouveaux convertis.
'Uthmân
,
alors Calife, décida d'entreprendre la
tâche colossale mais combien noble d'unifier
les différentes vulgates en possession
de certains compagnons en une seule vulgate
faisant le consensus entre tous les musulmans.
Et
c'est encore à Zayd qu'il confia cette
tâche. C'est ainsi que le Coran lu par
les musulmans aujourd'hui est le même
que celui compilé et unifié par
Zayd et son équipe de secrétaires
de la Révélation, il y a plus
de quatorze siècles.
Le
mérite de cet illustre compagnon ne s'est
pas limité à la compilation et
à l'unification du Saint Coran, loin
s'en faut. Cet
homme-là avait des qualités exceptionnelles,
faites de piété, de courage et
de sagesse. Il
suffit de rappeler qu'il fut l'un de ceux qui,
par leur sagesse et leur poids moral, ont pu
éviter à la communauté
de se diviser après la mort du Messager
de Dieu .
C'est
lui, en effet, qui décida ses compatriotes,
les Ansârs, à faire acte d'allégeance
à Abû Bakr , après que des
divergences furent apparues entre les Muhâjirîn
et les Ansârs sur le droit des uns et
des autres au califat lors de la fameuse réunion
de la Saqîfa des Banû Sâ'ada.
À
sa mort, les musulmans le pleurèrent
beaucoup, en se rappelant sa science, sa piété
et sa sagesse qui leur manqueront désormais.
Et
ce n'est pas sans raison que le poète
du Messager de Dieu , Hassan Ibn Thâbit,
fit son apologie en ces termes :
«
Que restera-t-il de la poésie après
Hassan et son fils ? »
«
Que restera-t-il de la science après
Zayd Ibn Thâbit ? »
Que Dieu soit satisfait de lui !

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